dimanche 19 juin 2016

16, 17, 18 juin – Juneau (Alaska)

Jeudi matin, nous prenons le bateau « Le Conte » à 8h00 pour nous rendre à Juneau. Le temps est superbement doux, ce qui nous permet de nous installer sur le dernier pont, dans le solarium. 

En route pour Juneau
La sieste dans le solarium
 Encore une fois, les salles de repos et même le pont supérieur sont envahis par les personnes qui ont passé la nuit sur le bateau et, comme il n’y a pas de cabines, ils les ont transformés en dortoirs.  Nous faisons un premier arrêt à Angoon, où un cortège funèbre débarque suivi par une cinquantaine de personnes.  Nous apprenons que le grand-père de cette grande famille est décédé il y a quelques jours et, selon son souhait, il est ramené ici pour être enterré auprès de son épouse.  

La famille accompagne son grand-père sur le lieu de son dernier repos
 Maintenant nous sommes peu nombreux sur le bateau et nous continuons notre route vers le prochain village. Nous rencontrons une dame qui demeure près de San Francisco, mais qui est originaire de Toronto.  Elle a fréquenté l’école secondaire anglaise juste à côté de l’école Étienne-Brûlé à York Mills, qui fait partie du Conseil scolaire où j’ai travaillé de nombreuses années. En plus, dans sa jeunesse, elle a habité la ville de Québec pendant deux étés pour apprendre le français. Quelle heureuse rencontre!

Nous faisons un autre arrêt de courte durée à Tenakee, un joli petit village le long de la côte, pour embarquer quelques passagers. 

Arrêt à Tenakee
 Plus nous approchons de Juneau, plus les sommets enneigés des montagnes sont nombreux.  Nous commençons à voir quelques maisons au loin et, comme prévu, nous arrivons au quai à 21h30.

Nous nous installons pour trois nuits au camping fédéral Mendenhall Lake. Comme on nous annonce des nuits assez froides, nous sommes bien heureux d’avoir l’eau et l’électricité. Le seul inconvénient est que le bâtiment des douches n’est pas chauffé. Ça va nous prendre du courage pour y aller.

Vendredi matin, en faisant le tour du camping, nous apercevons de l’autre côté du lac, le fameux glacier Mendenhall. Nous en profitons pour l’admirer car il fond d’année en année, en raison des changements climatiques.  Il ne sera sûrement plus le même quand nos petits-enfants viendront le visiter.  

Mendenhall Glacier, vu du camping
 Et pourquoi ne pas aller le voir de plus près.  Nous nous rendons au Centre des visiteurs du Glacier Mendenhall d’où partent plusieurs sentiers de marche.  

Nous partons sur le sentier « Trail of Time » où à quelques endroits on peut voir jusqu’où se rendait le glacier à différentes époques.  Nous partons ensuite sur le sentier « East Glacier » qui monte jusqu’au haut de la chute Nugget. Pour dire le vrai, nous sommes montés jusqu’à ce que Serge aperçoive du caca d’ours dans le sentier. C’est là que nous avons rebroussé chemin.

Nous sentant en terrain sûr, nous partons sur le sentier qui longe la plage jusqu’à la chute Nugget, juste à côté du glacier.  Il y a même un petit iceberg qui flotte devant le glacier.  Sur le chemin du retour, il commence à pleuvoir.  Depuis ce matin que le ciel est gris, nous sommes chanceux d’avoir pu faire quelques randonnées sans se faire mouiller.  




En après-midi, nous nous rendons dans la ville de Juneau. La ville est devenue la capitale de l’Alaska en 1959, déclassant ainsi Sitka qui détenait ce titre jusqu’à cette date. Il y a deux bateaux de croisière accostés au port. C’est donc dire qu’il y a foule en ville.  Nous choisissons d’aller visiter le « Alaska State Museum » qui vient juste de rouvrir ses portes il y a deux jours, à la suite de sa reconstruction. Il y a encore des pièces qui ne sont pas terminées, mais les salles d’exposition sont ouvertes. Dans le hall d’entrée, des nids d’aigle sont perchés au haut d’un arbre qui fait la hauteur des trois étages du musée. A une certaine époque, le gouvernement payait les gens pour tuer les aigles, croyant qu’ils étaient dangereux pour les animaux sur les fermes. Une chance qu’ils ont cessé cette pratique car maintenant l’Alaska peut se vanter d’avoir le plus grand nombre d’aigles en Amérique avec la Floride. 


Le musée a répondu à une question que je me posais depuis longtemps.  Comment les indiens de l’Amérique du Nord sont-ils arrivés ici ? Ils arrivèrent de l’Asie du Nord-Est, en traversant le pont terrestre de la Béringie (Bering Land Bridge) il y a plus de 14,000 ans.  A cette époque, une bande de terre émergeait entre les deux continents quand le niveau des océans était bas.  Pour faire ce voyage, ils apportèrent avec eux les technologies qu’ils avaient développées pour survivre dans le froid du Nord, incluant les vêtements et le type d’habitations. Les indiens de l’intérieur de l’Alaska et de l’ouest du Canada étaient appelés les Athabascans. Ils suivaient les troupeaux de bisons et de caribous ainsi que les oiseaux et les poissons pour assurer leur survie. 

Le musée raconte l’histoire des tribus indiennes de l’Alaska à travers les siècles, allant de l’avant et de l’après l’arrivée des russes et des américains, de la dépossession de leurs terres, de leur assimilation forcée, de la rué vers l’or, de l’attaque des îles aléoutiennes par les japonais durant la 2e guerre, de l’exploitation du pétrole et de la construction des pipelines. C’est un vrai cours d’histoire que cette visite, qui nous fait réfléchir sur le peu de considération et de respect que les conquérants ont eu envers les premières nations qui habitaient notre pays depuis des milliers d’années.

Samedi matin, nous nous rendons à la « Macaulay Salmon Hatchery » (incubateur à œufs de saumon). Comme nous arrivons tôt, nous avons la chance d’avoir une visite privée, en compagnie de quatre autres personnes et d’éviter ainsi la cohue qui suivra lorsque les autobus de touristes des bateaux de croisière arriveront. Max, notre guide, qui est né à l’hôpital juste en face et qui, selon ses dires, n’a pas eu à aller bien loin pour se trouver un emploi, nous explique comment fonctionne les incubateurs à œufs de saumon, qui sont la clé de l’économie en Alaska.  Les œufs proviennent des saumons matures qui reviennent à leur rivière d’origine, dans ce cas-ci à leur incubateur d’origine, pour s’y reproduire avant de mourir. 

Comment savent-ils où ils sont nés ? Après la fécondation des œufs avec le sperme des mâles, et croyez-moi il n’y a rien de romantique dans ce processus, les œufs sont gardés dans des incubateurs pour se développer durant tout l’automne et l’hiver; ils passent du stage d’œuf à alevin.  Les jeunes saumons sont gardés dans des bassins à l’eau salée pendant 1 à 3 mois, durant lesquelles ils grossissent et analysent l’odeur et la composition de l’eau et de leur environnement, ce qui leur permettra de se rappeler de l’endroit de leur naissance. Ils sont ensuite relâchés à la fin du printemps dans la mer où ils passeront de 1 à 5 ans avant de revenir pour se reproduire, de la fin à de juin à septembre, et mourir.

L’avantage des incubateurs est l’augmentation des chances de survie des saumons qui est de 95% dans les incubateurs comparativement à 10% dans la nature.  Ce précédé de « ocean ranching » permet de relâcher un surplus de 130 millions de saumons chaque année et permet ainsi aux pêcheurs d’Alaska de continuer la pêche commerciale, sportive et de subsistance.  

Il n'y a pas que nous qui aimons le saumon
 Cette fin de semaine-ci, les habitants de l’Ile Douglas, en face de Juneau, célèbre leur héritage au parc Savikko. L’événement s’appelle « Gold Rush Days » et c’est là que nous nous rendons.  Les familles arrivent en grand nombre remplissant rapidement tous les espaces possibles de stationnement.  Déjà les compétitions de mineurs sont commencées, consistant à remplir de sable un wagon de mine à la pelle en un temps record.  Au moment où nous sommes partis, le record des hommes était de 1 minute. IL y aura aussi des compétiteurs les femmes et les enfants.  

Le pont de l'Ile Douglas
 

Dimanche,  ce sera au tour des compétitions de bûcherons, que nous manquerons car nous serons en route pour Haines.  Encore là, les hommes, les femmes et les enfants peuvent s’inscrire. 

 

Les compétiteurs font une pause car c’est l’heure d’aller manger.  Sous une immense tente, on trouve toutes les spécialités de la région. Les gens circulent, choisissent et vont s’asseoir au centre où les tables sont installées.  La gaieté règne partout et nous nous mêlons au groupe.  Notre choix va vers la cuisine asiatique servi par Monsieur Chinois en personne, les meilleurs eggs rolls en ville ainsi que de succulentes brochettes de porc ou de poulet BBQ Teriaki.  
Une cabane à patates de l'Alaska


Nous retournons ensuite en ville et empruntons les rues à paliers, qui nous rappellent San Francisco, pour aller visiter la plus vieille  église orthodoxe du sud-est d’Alaska encore utilisée. Le prêtre est à l’intérieur et nous parle de l’histoire de son église et aussi de sa fille qui étudie quelque part aux États-Unis dont il est très fier.  Bravo à l’église orthodoxe pour son ouverture d’esprit.  

L'église orthodoxe russe de Juneau
Tant qu’à être dans les hauteurs, nous continuons notre montée et nous nous rendons au début du « Perseverance Trail ».  C’est là que se trouve aussi le site historique « Last Chance Mining » que nous ne visitons pas; nous aurons la chance de visiter bien d’autres mines.   Nous empruntons plutôt le sentier Perseverance qui monte dans la montagne. A notre grande surprise, nous apprenons que ce sentier fut la première route d’Alaska, construite dans les années 1880 pour améliorer l’accès aux mines du Gold Canyon.  Ayant fait suffisamment d’exercice pour la journée, nous faisons un arrêt à la bibliothèque municipale, puis chez Fred Meyer où Serge trouve enfin les Crab Cakes dont il rêve depuis plusieurs jours.  


Il n'y a plus d'or, la mine est fermée

11 commentaires:

  1. Vous en avez fait et vu des choses! Super intéressante cette visite!

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  2. J'aime toujours les noms des places dans le nord. J'imagine que les premiers voyageurs arrivent et décide d'appeler la place le premier mot qui rentre dans leur tête : "Perserverance Trail" and "Last Chance Mining". Mona

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    1. Tu as bien raison, c'est sûrement ce qui est arrivé.

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  3. Très intéressant! La photo du glacier Mendenhall vu du camping est magnifique!
    Paul vous demande si vous avez vu et/ou goûté des mets de la cuisine russe soit dans les marchés ou aux restaurants?
    Bonne semaine à vous deux! J'ai hâte de lire vos nouvelles découvertes!
    Il a fait un temps magnifique au Québec en cette fin de semaine de la fête des Pères!
    Louise

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    1. Malheureusement, la présence de la culture russe se limite au domaine religieux et aux magasins de souvenir. La bouffe tourne autour du poisson.

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  4. Je suis toujours fascinée par cette capitale qui n'est accessible qu'en avion ou en bateau... même en 2016.
    Un petit détour par le cimetière? Regardez l'âge des morts... Un bon paquet de jeunes, en route vers l'or.

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    1. Nous retenons la suggestion des cimetières pour les prochanes villes minières.

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  5. C'est vraiment un beau coin de pays! J'aimerais bien y aller un jour. Mais je crois que vous auriez du essayer de trouver de l'or dans la mine. Je suis certain qu'il y en reste moi ;-)
    TB

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    1. S'il en reste, dépêche-toi de venir car ça ne restera pas là longtemps.

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  6. C'est vrai qu'il a bien fondu le glacier depuis notre visite en 2009.

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  7. Vous êtes chanceux d'assister au festival. Si c'est le même prêtre orthodoxe, c'est vrai qu'il était sympathique. Pour ce qui est du nom des lieux, attendez de connaître l'histoire de Chicken!
    Louise

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