Jeudi matin, nous prenons le bateau « Le Conte » à
8h00 pour nous rendre à Juneau. Le temps est superbement doux, ce qui nous
permet de nous installer sur le dernier pont, dans le solarium.
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En route pour Juneau |
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La sieste dans le solarium |
Encore une fois, les salles de repos et même le pont supérieur
sont envahis par les personnes qui ont passé la nuit sur le bateau et, comme il
n’y a pas de cabines, ils les ont transformés en dortoirs. Nous faisons un premier arrêt à Angoon, où un
cortège funèbre débarque suivi par une cinquantaine de personnes. Nous apprenons que le grand-père de cette
grande famille est décédé il y a quelques jours et, selon son souhait, il est
ramené ici pour être enterré auprès de son épouse.
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La famille accompagne son grand-père sur le lieu de son dernier repos |
Maintenant nous sommes peu nombreux sur le bateau et nous
continuons notre route vers le prochain village. Nous rencontrons une dame qui
demeure près de San Francisco, mais qui est originaire de Toronto. Elle a fréquenté l’école secondaire anglaise
juste à côté de l’école Étienne-Brûlé à York Mills, qui fait partie du Conseil scolaire
où j’ai travaillé de nombreuses années. En plus, dans sa jeunesse, elle a
habité la ville de Québec pendant deux étés pour apprendre le français. Quelle
heureuse rencontre!
Nous faisons un autre arrêt de courte durée à Tenakee, un
joli petit village le long de la côte, pour embarquer quelques passagers.
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Arrêt à Tenakee |
Plus nous approchons de Juneau, plus les sommets enneigés
des montagnes sont nombreux. Nous
commençons à voir quelques maisons au loin et, comme prévu, nous arrivons au
quai à 21h30.
Nous nous installons pour trois nuits au camping fédéral
Mendenhall Lake. Comme on nous annonce des nuits assez froides, nous sommes
bien heureux d’avoir l’eau et l’électricité. Le seul inconvénient est que le
bâtiment des douches n’est pas chauffé. Ça va nous prendre du courage pour y
aller.
Vendredi matin, en faisant le tour du camping, nous
apercevons de l’autre côté du lac, le fameux glacier Mendenhall. Nous en
profitons pour l’admirer car il fond d’année en année, en raison des
changements climatiques. Il ne sera
sûrement plus le même quand nos petits-enfants viendront le visiter.
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Mendenhall Glacier, vu du camping |
Et pourquoi ne pas aller le voir de plus près. Nous nous rendons au Centre des visiteurs du
Glacier Mendenhall d’où partent plusieurs sentiers de marche.
Nous partons sur le sentier « Trail of Time » où à
quelques endroits on peut voir jusqu’où se rendait le glacier à différentes
époques. Nous partons ensuite sur le
sentier « East Glacier » qui monte jusqu’au haut de la chute Nugget.
Pour dire le vrai, nous sommes montés jusqu’à ce que Serge aperçoive du caca
d’ours dans le sentier. C’est là que nous avons rebroussé chemin.
Nous sentant en terrain sûr, nous partons sur le sentier qui
longe la plage jusqu’à la chute Nugget, juste à côté du glacier. Il y a même un petit iceberg qui flotte
devant le glacier. Sur le chemin du
retour, il commence à pleuvoir. Depuis
ce matin que le ciel est gris, nous sommes chanceux d’avoir pu faire quelques
randonnées sans se faire mouiller.
En après-midi, nous nous rendons dans la ville de Juneau. La
ville est devenue la capitale de l’Alaska en 1959, déclassant ainsi Sitka qui
détenait ce titre jusqu’à cette date. Il y a deux bateaux de croisière accostés
au port. C’est donc dire qu’il y a foule en ville. Nous choisissons d’aller visiter le
« Alaska State Museum » qui vient juste de rouvrir ses portes il y a
deux jours, à la suite de sa reconstruction. Il y a encore des pièces qui ne
sont pas terminées, mais les salles d’exposition sont ouvertes. Dans le hall
d’entrée, des nids d’aigle sont perchés au haut d’un arbre qui fait la hauteur
des trois étages du musée. A une certaine époque, le gouvernement payait les gens
pour tuer les aigles, croyant qu’ils étaient dangereux pour les animaux sur les
fermes. Une chance qu’ils ont cessé cette pratique car maintenant l’Alaska peut
se vanter d’avoir le plus grand nombre d’aigles en Amérique avec la Floride.
Le musée a répondu à une question que je me posais depuis
longtemps. Comment les indiens de
l’Amérique du Nord sont-ils arrivés ici ? Ils arrivèrent de l’Asie du Nord-Est,
en traversant le pont terrestre de la Béringie (Bering Land Bridge) il y a plus
de 14,000 ans. A cette époque, une bande
de terre émergeait entre les deux continents quand le niveau des océans était
bas. Pour faire ce voyage, ils
apportèrent avec eux les technologies qu’ils avaient développées pour survivre
dans le froid du Nord, incluant les vêtements et le type d’habitations. Les
indiens de l’intérieur de l’Alaska et de l’ouest du Canada étaient appelés les
Athabascans. Ils suivaient les troupeaux de bisons et de caribous ainsi que les
oiseaux et les poissons pour assurer leur survie.
Le musée raconte l’histoire des tribus indiennes de l’Alaska
à travers les siècles, allant de l’avant et de l’après l’arrivée des russes et
des américains, de la dépossession de leurs terres, de leur assimilation
forcée, de la rué vers l’or, de l’attaque des îles aléoutiennes par les
japonais durant la 2e guerre, de l’exploitation du pétrole et de la
construction des pipelines. C’est un vrai cours d’histoire que cette visite,
qui nous fait réfléchir sur le peu de considération et de respect que les
conquérants ont eu envers les premières nations qui habitaient notre pays
depuis des milliers d’années.
Samedi matin, nous nous rendons à la « Macaulay Salmon
Hatchery » (incubateur à œufs de saumon). Comme nous arrivons tôt, nous
avons la chance d’avoir une visite privée, en compagnie de quatre autres
personnes et d’éviter ainsi la cohue qui suivra lorsque les autobus de
touristes des bateaux de croisière arriveront. Max, notre guide, qui est né à
l’hôpital juste en face et qui, selon ses dires, n’a pas eu à aller bien loin
pour se trouver un emploi, nous explique comment fonctionne les incubateurs à
œufs de saumon, qui sont la clé de l’économie en Alaska. Les œufs proviennent des saumons matures qui
reviennent à leur rivière d’origine, dans ce cas-ci à leur incubateur
d’origine, pour s’y reproduire avant de mourir.
Comment savent-ils où ils sont nés ? Après la fécondation
des œufs avec le sperme des mâles, et croyez-moi il n’y a rien de romantique
dans ce processus, les œufs sont gardés dans des incubateurs pour se développer
durant tout l’automne et l’hiver; ils passent du stage d’œuf à alevin. Les jeunes saumons sont gardés dans des
bassins à l’eau salée pendant 1 à 3 mois, durant lesquelles ils grossissent et analysent
l’odeur et la composition de l’eau et de leur environnement, ce qui leur
permettra de se rappeler de l’endroit de leur naissance. Ils sont ensuite
relâchés à la fin du printemps dans la mer où ils passeront de 1 à 5 ans avant
de revenir pour se reproduire, de la fin à de juin à septembre, et mourir.
L’avantage des incubateurs est l’augmentation des chances de
survie des saumons qui est de 95% dans les incubateurs comparativement à 10%
dans la nature. Ce précédé de
« ocean ranching » permet de relâcher un surplus de 130 millions de
saumons chaque année et permet ainsi aux pêcheurs d’Alaska de continuer la
pêche commerciale, sportive et de subsistance.
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Il n'y a pas que nous qui aimons le saumon |
Cette fin de semaine-ci, les habitants de l’Ile Douglas, en
face de Juneau, célèbre leur héritage au parc Savikko. L’événement s’appelle
« Gold Rush Days » et c’est là que nous nous rendons. Les familles arrivent en grand nombre
remplissant rapidement tous les espaces possibles de stationnement. Déjà les compétitions de mineurs sont
commencées, consistant à remplir de sable un wagon de mine à la pelle en un
temps record. Au moment où nous sommes
partis, le record des hommes était de 1 minute. IL y aura aussi des
compétiteurs les femmes et les enfants.
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Le pont de l'Ile Douglas |
Dimanche, ce sera au
tour des compétitions de bûcherons, que nous manquerons car nous serons en
route pour Haines. Encore là, les
hommes, les femmes et les enfants peuvent s’inscrire.
Les compétiteurs font une pause car c’est l’heure d’aller
manger. Sous une immense tente, on
trouve toutes les spécialités de la région. Les gens circulent, choisissent et
vont s’asseoir au centre où les tables sont installées. La gaieté règne partout et nous nous mêlons
au groupe. Notre choix va vers la
cuisine asiatique servi par Monsieur Chinois en personne, les meilleurs eggs
rolls en ville ainsi que de succulentes brochettes de porc ou de poulet BBQ
Teriaki.
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Une cabane à patates de l'Alaska |
Nous retournons ensuite en ville et empruntons les rues à
paliers, qui nous rappellent San Francisco, pour aller visiter la plus vieille église orthodoxe du sud-est d’Alaska encore
utilisée. Le prêtre est à l’intérieur et nous parle de l’histoire de son église
et aussi de sa fille qui étudie quelque part aux États-Unis dont il est très
fier. Bravo à l’église orthodoxe pour
son ouverture d’esprit.
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L'église orthodoxe russe de Juneau |
Tant qu’à être dans les hauteurs, nous continuons notre
montée et nous nous rendons au début du « Perseverance Trail ». C’est là que se trouve aussi le site
historique « Last Chance Mining » que nous ne visitons pas; nous
aurons la chance de visiter bien d’autres mines. Nous
empruntons plutôt le sentier Perseverance qui monte dans la montagne. A notre
grande surprise, nous apprenons que ce sentier fut la première route d’Alaska,
construite dans les années 1880 pour améliorer l’accès aux mines du Gold
Canyon. Ayant fait suffisamment
d’exercice pour la journée, nous faisons un arrêt à la bibliothèque municipale,
puis chez Fred Meyer où Serge trouve enfin les Crab Cakes dont il rêve depuis
plusieurs jours.
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Il n'y a plus d'or, la mine est fermée |