Lundi matin, partis de
Glendive à 9h15, nous arrivons à Great Falls à 16h00 en voyageant par la route
200. Le long de cette route, il n’y a que quelques petits villages et une seule
ville, Lewistown. Comme nous sommes au sud de la Saskatchewan, ce ne sont que
des champs à perte de vue où nous voyons de temps en temps quelques troupeaux
de vaches, mais pas de bisons ni de wapitis. Il y a peu de chance que nous
mangions du steak de bison ce soir.
Le long des grandes plaines du Montana |
Une vache a sauté la clôture
et nous regarde passer le long de la route; un cerf traverse la route en
courant; deux motocyclistes filent à toute allure et deux cyclistes pédalent
avec vigueur. C’est tout ce que nous
avons vu d’excitant aujourd’hui. De
plus, il a plu une bonne partie de la journée, de quoi affecté notre moral.
Des heures de route m’ont
permis d’en apprendre plus sur la vie sociale entre les marchands de fourrure et
les tribus indiennes à Fort Union Trading Post entre 1828 et 1867. J’ai donc ajouté des informations supplémentaires
dans le récit du 22 mai. (Voir
« Vie sociale à Fort Union Trading Post et Fin d’une époque »
Pour nous remonter le moral,
nous décidons de nous gâter ce soir et nous nous installons au Koa de Great
Falls, le prix est de $53 + taxes, ajouter à cela le taux de change et vous
verrez que ce n’est pas donné. Mais ça
valait la peine car nous pouvons nous installer confortement dans le loft du
bureau d’accueil pour utiliser leur WIFI ultra rapide. Et que dire de leurs
salles de bain individuelles avec douche, toilette et lavabo. Adjacent au Koa,
se trouve le Waterpark qui n’ouvrira qu’en fin de semaine.
Mardi, nous visiterons le
« Lewis and Clark National Historic Interpretive Center » à Great
Falls, puis nous partirons pour Glacier National Park pour trois jours. Ce parc est loin de la route du Missouri que
suivaient Lewis et Clark, mais nous ne pouvions venir au Montana sans aller
explorer ce grand parc dont la route Go-to-the-Sun est encore fermée sur
plusieurs kilomètres.
Vous aurez beaucoup de lecture à faire aujourd'hui sur Lewis et Clark, alors installez-vous confortablement ....
De la rivière Marias
aux Grandes Chutes du Missouri 3 au 20 juin 1805
Le matin du 3 juin, l’équipage traversa le Missouri et
installa un camp à la jonction des deux grandes rivières. Une intéressante
question se posait maintenant; laquelle de ces deux rivières étaient le
Missouri ?
La décision à prendre était difficile et critique. Les
Hidatsas n’avaient jamais parlé d’une rivière arrivant par le nord après avoir
passé Milk River. Mais ils n’avaient jamais parlé non plus d’une grande rivière
venant du sud. Ils avaient cependant été explicites que le Missouri avaient des
grandes chutes qui descendaient des montagnes, et qu’après la rivière pénétrait
dans ces montagnes, presque jusqu’à la ligne continentale, à l’endroit où
vivait les Shoshones. Ceux-ci avaient des chevaux, essentiels pour traverser
les montagnes et Sacagawea parlait leur langue.
Le bras nord était plus profond mais dans celui du sud, le
courant était plus rapide. Selon la
description de Lewis, les eaux de la rivière nord ressemblaient plus à celles
du Missouri, de couleur brune et vaseuse. Celles de la rivière sud étaient
parfaitement transparentes. Selon le raisonnement de Lewis, la rivière nord
devait courir à travers les plaines pour transporter autant de sédiments,
tandis que celle du sud devait venir directement des montagnes.
Les capitaines envoyèrent en éclaireurs Sergent Pryor sur la
rivière nord et Sergent Gass sur la rivière sud. Leur compte-rendu n’étant pas
concluant, les capitaines décidèrent de partir le lendemain matin avec quelques
hommes et de remonter les rivières jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement
satisfaits. Il fut entendu que Lewis irait le long de la rivière nord et Clark
le long de la rivière sud et qu’ils reviendraient au camp au bout d’un jour et
demi de marche. Le lendemain, Lewis
partit avec le sergent Pryor, les soldats Shields, Windson, Cruzatte, Lepage et Drouillard qu’il appréciait
beaucoup. La marche était difficile à cause des petits plants de cactus dont
les épines pénétraient dans les mocassins des hommes. De plus, les ravins
étaient profonds et nombreux, obligeant les hommes à retourner à la rivière et
marcher dans l’eau. En dépit des difficultés, ils couvrirent 32 milles cette
journée-là presque toujours vers le nord. Le jour suivant, ils marchèrent un
autre 30 milles. Lewis en vint à la conclusion que cette branche du Missouri
allait trop vers le nord pour être la route vers le Pacifique. Ils campèrent
près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Tiber Dam. Le lendemain, les hommes construisirent deux
radeaux afin de descendre la rivière, mais les embarcations s’avérèrent trop
petites pour leurs besoins. Ils durent
donc reprendre leur marche. Le temps était froid, pluvieux et misérable. Ils
marchèrent 25 milles et passèrent une nuit inconfortable, sans abri, sous la pluie. Le lendemain matin, ils
reprirent leur marche mais la pluie avait rendu l’argile du sol très glissante
et il y avait trop de ravins à traverser. Ils continuèrent donc leur route en
marchant dans l’eau boueuse de la rivière, souvent ayant de l’eau jusqu’à la
poitrine. Ils tuèrent quand même six cerfs ce jour-là et, après avoir monté le
camp et mangé leur premier repas de la journée, ils se couchèrent sur des branches
de saules profitant d’un repos confortable et bien mérité. Lewis nomma cette
rivière Marias River et était convaincu que ce n’était pas le Missouri. Ils
arrivèrent au camp vers 17h00, très fatigués. Clark fut soulagé de les voir
arrivés car ils arrivaient deux jours plus tard que prévu. Les capitaines
s’entretinrent, étudièrent les cartes et tombèrent d’accord que la fourche sud
était la vraie rivière Missouri.
Le lendemain, 9 juin, Lewis tenta de convaincre les hommes
que la fourche sud était le Missouri, mais sans succès; ils étaient tous
convaincu que la fourche nord était le vrai Missouri. Ils acceptèrent cependant
de suivre les capitaines dans la direction qu’ils avaient choisie mais réaffirmèrent
que l’autre était la bonne rivière. Les
voyant si déterminés, les capitaines décidèrent que l’un deux partirait avec
quelques hommes en marchant le long de la rivière sud et qu’ils continueraient leur
route jusqu’à ce qu’ils trouvent les chutes ou atteignent les montagnes
enneigées tandis que l’autre partirait sur la rivière avec les embarcations et
la balance de l’équipage. Les capitaines cachèrent la pirogue rouge sur une île,
à l’embouchure de la Marias River, ainsi que le bagage le plus lourd et une
partie des provisions qu’ils prévoyaient reprendre sur le chemin du
retour. De cette façon, il y aurait sept
rameurs de plus pour les canots et la pirogue blanche. Pendant que Clark
progressait sur la rivière, Lewis entreprit l’expédition sur terre avec quatre
hommes.
Durant la nuit du 10 au 11 juin, Lewis souffrit d’une
attaque de dysenterie. Au matin, il se
sentait un peu mieux mais encore faible. Néanmoins, il prit son sac à dos et
partit avec ses hommes. Ils avaient couvert neuf milles quand ils tuèrent
quatre cerfs qu’ils dépecèrent et pendirent aux arbres près de la rivière pour
que Clark et ses hommes les ramassent.
Lewis fut saisi à nouveau de violentes douleurs intestinales. La douleur
devint plus forte et s’accompagna d’une forte fièvre. Lewis n’avait pas apporté
de médicaments avec lui. S’inspirant de ce que sa mère lui avait enseigné, il
envoya ses hommes cueillir de petites branches de cerisiers de Virginie, enleva
les feuilles, les coupa en morceaux de deux pouces et les fit bouillir dans
l’eau jusqu’à ce qu’une infusion noire astringente au goût amer soit produite.
Il en but une pinte et une heure plus tard il se força à en boire une autre. Au
bout d’une demi-heure, ses douleurs avaient disparu et sa fièvre avait baissé. Puis
il passa une nuit confortable et reposante. Au lever du soleil à 4h30, Lewis se
leva et repris une autre pinte de l’infusion avant de repartir. Malgré son état de santé de la veille, il
marcha 27 milles et les hommes tuèrent deux ours.
Le 13 juin Lewis grimpa une colline d’où il pouvait
apercevoir une magnifique plaine s’étendant sur 50 à 60 milles et où des bisons
broutaient à perte de vue. De retour à la rivière, il ordonna à ses hommes
d’aller en tuer quelques-uns pour le repas du soir. Pendant ce temps, il
continua à marcher environ deux milles … quand il entendit le son agréable
d’une chute d’eau et, s’avançant un peu plus loin, il vit un jet s’élever
au-dessus de la plaine comme une colonne de fumée; bientôt commença un
formidable rugissement qui ne pouvait
provenir que des grandes chutes du Missouri. Il retourna rapidement à la
rivière et se rendit en courant au sommet des rochers sur une île en face des chutes pour admirer
ce majestueux spectacle, le plus grandiose qu’il ait jamais vu.
Lewis devant les grandes chutes du Missouri |
Drouillard et les soldats le rejoignirent sur l’île avec une
grande quantité de viande de bison pour préparer un festin. Goodrich attrapa
aussi quelques truites d’une espèce encore inconnue à la science et que Lewis trouva
délicieuse.
Le lendemain matin, Lewis envoya le soldat Field porter une
lettre à Clark pour l’informer de la découverte des chutes. Peu après, il prit son fusil et partit pour
une longue marche en remontant le courant afin de voir où les rapides se
terminaient. Ça ne devait pas être trop loin car les Hidatsas lui avaient dit
que le portage prenait une demi-journée.
Pendant les cinq premiers milles, les rapides continuaient toujours.
Soudain, dans une courbe, il vit une seconde chute de la moitié de la hauteur
de la première. Entendant un rugissement au-dessus de lui, il continua sa route
et découvrit une autre beauté de la nature, une cascade perpendiculaire
d’environ 50 pieds, ensuite une autre de 14 pieds et une autre de 26 pieds.
Ensemble, cinq chutes constituaient les grandes chutes du Missouri. Lewis
réalisa alors que le portage serait plus long et plus difficile qu’il anticipait.
Finalement, au bout de 12 milles de chutes et de rapides, Lewis arriva à un
point où le Missouri reposait en une couche d’eau lisse et uniforme sur un
mille de large et où de grandes volées d’oies venaient se nourrir dans les
pâturages de chaque côté de la rivière. Lewis débordait de joie et d’extase.
Il décida ensuite de continuer jusqu’à la rivière que les
Hidatsas appelait Medicine River qui rejoignait le Missouri par le nord-ouest.
Sa marche le conduisit devant le plus gros troupeau de bisons qu’il ait jamais
vu. Il tira sur un bison très gras et, distrait par la vue du sang qui
s’écoulait de la bouche du bison, il en oublia de recharger son fusil. A ce
moment, il devint une proie. Derrière lui, un grizzly s’était rapproché d’une
vingtaine de pas. En le voyant, Lewis pris son fusil mais réalisa
instantanément qu’il n’était pas chargé et qu’il n’avait pas suffisamment de
temps pour le faire avant que l’ours ne le rejoigne. Instinctivement, il
chercha autour de lui un endroit pour se cacher. Il n’y avait aucun arbre sur
une distance de 300 verges et le bord de la rivière était à environ trois pieds
au-dessus du niveau d’eau, bref aucun endroit pour avoir suffisamment de temps
pour recharger son fusil. Lewis se mit à courir rapidement mais l’ours le
rattrapait, la bouche ouverte. Lewis courut dans la rivière pensant que s’il
avait de l’eau jusqu’à la taille, l’ours serait obligé de nager et qu’il
pourrait se défendre avec son espontoon (demi-pike des officiers). A la vue de
l’arme, l’ours s’arrêta comme si effrayé et battit en retraite précipitamment.
Ce jour-là Lewis apprit une leçon et rechargea son fusil dès qu’il atteignit la
rive.
Lewis se rendit jusqu’à Medicine River, l’examina et prit
des notes. Quand il eut fini, il était 6:30 p.m. Il restait environ trois heures de clarté et
douze milles pour retourner au camp. Sur
le chemin du retour, il tira sur un loup qui approchait de trop près, puis fit
face à trois bisons qui rebroussèrent chemin aussi vite qu’ils étaient
venus. Lewis eut le sentiment que les
animaux des alentours s’étaient tous ligués pour l’éliminer.
Le matin du 15 juin, Lewis passa des heures à écrire son
journal en décrivant ses mésaventures de la veille. Le soldat Field revint et rapporta que Clark
et ses hommes étaient arrêtés aux pieds des rapides, environ cinq milles plus
bas. Clark jugea qu’il ne pouvait pas
aller plus loin et que le portage devrait débuter à cet endroit. Lewis avait l’impression qu’il y avait trop
de ravins sur la rive nord et que le portage devrait se faire du côté sud.
Le grand portage 16
juin au 14 juillet 1805
Le 16 juin, Lewis rejoignit Clark aux pieds des rapides. Ils
avaient beaucoup à discuter : leurs expériences au cours des jours
précédents, ce qu’ils avaient vu, les provisions de viande, et surtout, de quel
côté de la rivière faire le portage des chutes et où le commencer. Mais avant
qu’ils prennent une décision, Clark informa Lewis d’un problème plus urgent,
Sacagawea était malade et cela durait depuis une semaine. Clark avait essayé
les saignées qui n’avaient pas fonctionné, puis il lui avait appliqué dans la
région pelvienne un cataplasme d’écorce péruvienne (écorce de quinquina qui
contient de la quinine utilisée pour le traitement de la malaria) et administré
du laudanum, aussi sans succès. Lewis examina Sacagawea et la trouva
extrêmement malade avec une forte fièvre, un pouls à peine perceptible, une
respiration irrégulière et un tremblement des doigts et des bras. Il en conclut
qu’elle souffrait d’une obstruction des menstruations, ce qui n’était pas loin
de la vérité. Il lui administra deux
doses d’écorce péruvienne et de l’opium, ce qui améliora son pouls. Elle avait
aussi très soif. Lewis se rappela avoir vu une source d’eau sulfureuse de
l’autre côté de la rivière et il envoya un homme en chercher. Il figura que
l’eau contenait du fer ainsi que du sulfure et que c’était ce dont elle avait
besoin. Il avait probablement raison car les tremblements pouvaient avoir été
causés par la perte de minéraux résultant des saignées que Clark lui avait
administrées. Très certainement les saignées l’avaient déshydratée et
occasionné sa soif. Elle but avidement l’eau sulfureuse pendant que Lewis
continua de lui appliquer des cataplasmes.
Le soir, la santé de Sacagawea s’était améliorée, son pouls était devenu
régulier et les tremblements avaient cessé.
Aucun médecin de son époque n’aurait pu faire mieux que Lewis pour
sauver la jeune indienne.
Pendant que Lewis soignait Sacagawea, Clark se rendit avec
quelques hommes près d’un petit ruisseau où se trouvait un bosquet de peupliers
afin d’y établir leur camp de base pour le portage. C’était le seul endroit à la ronde où il y
avait suffisamment de bois de chauffage. Lewis le rejoignit en après-midi. Les
capitaines décidèrent de laisser la pirogue blanche au camp de base et de dépendre
uniquement du bateau à charpente de fer qu’ils allaient assembler et
transporter au-delà des chutes. Pour
alléger la charge, ils décidèrent aussi de fabriquer une autre cache pour les
items jugés non absolument nécessaires pour le reste du voyage.
A la tombée de la nuit, les deux éclaireurs revinrent et
informèrent les capitaines que deux ravins très profonds coupaient la plaine
entre la rivière et la montagne et que selon eux le portage avec les canots
était impraticable de ce côté de la rivière. Lewis répondit « Bon ou
mauvais, nous devons faire le portage ». Après avoir examiné à nouveau la
situation, il s’est avéré que les deux petits canots pouvaient montrer jusqu’au
ruisseau sur une distance de deux milles et que de ce point il y avait une
montée graduelle jusqu’en haut de la plaine. C’est à cet endroit que le portage
commencerait.
Lewis identifia un peuplier de 22 pouces de diamètre. Il chargea six hommes pour le couper et le
scier transversalement pour en faire des roues. Il ordonna aux hommes de prendre
le mât de la pirogue blanche et le couper pour en faire des essieux. Des
peupliers plus petits et plus souples seraient utilisés pour fabriquer deux
wagons qui serviraient à transporter les canots et les bagages. Pour recouvrir
le bateau de fer, Lewis avait besoin de peaux de cerfs qu’il croyait plus
durables et résistantes que celles des bisons et qu’elles rétréciraient moins
en séchant. Il envoya Drouillard et deux
hommes à la chasse aux cerfs pour récupérer leurs peaux.
Les wagons et les bagages étaient prêts pour le portage.
Pendant que Clark était parti examiner le chemin du portage, Lewis envoya les
hommes à la chasse. Il voulait avoir la plus grande quantité de viande sèche
possible pour ne pas avoir à détacher des hommes pour la chasse durant le
portage.
En soirée, Clark revint et rapporta que le chemin du portage
était de 17.45 milles. Il fut décidé que Clark superviserait le portage pendant
que Lewis irait à la fin du sentier où se trouvait un groupe d’îles, appelées
White Bear Islands, pour superviser la préparation du bateau de fer. Il
partirait en compagnie de trois soldats avec la première charge dans un canot
placé sur un wagon qui inclurait le bateau et les outils nécessaires. Clark
informa Lewis qu’il n’y avait pas de pins, seulement des peupliers sur les
îles, ce qui donna à Lewis une raison de plus de s’inquiéter car sans la gomme
de pin pour sceller les coutures du cuir recouvrant la charpente du bateau, il
devrait trouver une autre solution.
Le portage débuta peu après le lever du soleil le 22 juin.
Tous les hommes, à l’exception de deux restés en arrière pour surveiller les
bagages, se joignirent aux capitaines pour monter le canot jusqu’aux plaines.
Ils eurent une multitude de problèmes, en commençant par les cactus piquants et
des bris; un essieu se brisa, des attaches se déchirèrent. Malgré les difficultés,
tard dans la soirée, ils réussirent à monter le canot jusqu’au haut du portage.
Au cours des douze jours suivants, Lewis resta au camp de
White Bear Islands, supervisant la construction du bateau, pendant que Clark
supervisait le portage. Le dernier fut le plus difficile. Ils furent assaillis par de la grêle aussi
grosse que des pommes, les moustiques, le soleil chaud et la pluie froide.
Pour libérer un homme afin qu’il aide à préparer les peaux
de cerfs, Lewis s’assigna lui-même le rôle de cuisinier. Il ramassa de l’eau et
du bois et dans le plus gros chaudron de fer, il fit bouillir assez de viande
séchée pour nourrir trente hommes en y ajoutant des boulettes de suif pour le
plaisir des hommes.
Il y avait de vastes troupeaux de bisons tout autour du
camp, ce qui gardait Seaman, le chien de Lewis, éveillé toute la nuit. Les grizzlis étaient nombreux également et
beaucoup plus dangereux. Lewis obligeait ses hommes à coucher avec leur fusil à
portée de la main. Les ours venaient près du camp la nuit mais, grâce à Seaman
qui patrouillait toute la nuit et les avertissait à temps s’il remarquait des
visiteurs, ils ne furent jamais attaqués.
Vers le 30 juin, le bateau de fer était assemblé et les
peaux, 28 de cerfs et 4 de bisons, étaient prêtes. Le matin, l’assemblage des peaux sur le cadre
du bateau commença. Pendant ce temps, il restait deux jours avant que le
portage soit complété. Dans son journal, Lewis écrit qu’il commençait à
s’impatienter de ne pas bouger car déjà trois mois s’étaient écoulés depuis
leur départ de Fort Mandan et ils n’avaient pas encore atteint les Montagnes
Rocheuses.
Le 1er juillet, Lewis et ses hommes tentèrent de
faire du goudron mais ce fut un échec. L’absence de gomme de pin l’obligea à
tenter des expériences qui prenaient énormément de temps. Le soir du 3 juillet,
le bateau était prêt. Le lendemain, les hommes tournèrent le bateau à l’envers
sur un échafaud et firent de petits feux sous le bateau pour le faire
sécher. Le 5 juillet, Lewis prépara un
mélange de charbon de bois, de cire d’abeilles et de suif de bisons pour en
couvrir tout le bateau. Pendant deux jours, les hommes ont gardé les feux
allumés pour que le bateau puisse sécher puis apposèrent une deuxième couche.
Le 9 juillet c’était le jour du lancement du bateau. Lewis avait passé presque deux semaines à le
préparer ce qui retarda l’expédition de quatre à cinq journées. Il comptait sur
ce bateau pour transporter le matériel volumineux au pays des Shoshones. Juste au moment où l’expédition s’apprêtait à partir,
un vent violent se leva, formant des moutons sur la rivière, mouillant une
partie des bagages et forçant les hommes à décharger les canots. Il était tard
dans la soirée quand la tempête se calma. Lewis découvrit alors que la couche
de goudron s’était séparée des peaux et avait laissé les coutures exposées. Le
bateau prenait l’eau de partout. Lewis était mortifié. Il s’est avéré que les
peaux de bisons avec un peu de poil laissé sur elles avaient mieux résisté.
Mais il était trop tard pour faire d’autres expériences. Il dut faire ses adieux à son bateau et aux
services qu’il aurait rendus.
Ça fait du bien de se gâter un peu dans un voyage!
RépondreEffacerUn portage de 17 miles! Ouf!
Est-ce qu'on peut les voir ces chûtes qu'ils ont découvertes?
Vous verrez les chutes dans notre récit du 24,25 mai. Elles sont encore plus belles en réalité.
RépondreEffacer