Mon grand âge me rattrape
Hier, j’ai payé $20 comme
frais d’entrée dans le parc national Theodore Roosevelt. Une fois installée au
camping, je me suis rappelée avoir acheté, au cours de l’hiver dernier, une passe annuelle pour tous les parcs nationaux
américains. J’ai bien essayé de me faire rembourser, mais il semblerait qu’il
était trop tard. Je peux donc dire que j’ai contribué aux frais d’entretien de
ce beau parc.
Le vent s’est finalement
calmé au cours de la nuit et il fait un temps splendide à notre lever. En quittant le camping, nous nous arrêtons au
sentier Canon Ball pour prendre quelques photos. Nous aurions marché pendant
des heures tellement le paysage des « badlands » est invitant, mais
Lewis et Clark nous attendent.
A Canon Ball |
Nous reprenons la route vers le nord, aux limites ouest du Dakota du Nord, où le paysage est encombré de puits de pétrole, de camions citernes et de maisons mobiles pour les travailleurs. Nous voyons même de gros réservoirs appartenant à Enbridge; mais ils sont partout ceux-là, même chez nous pour chauffer notre maison.
Nous avions hâte d’aller
visiter « Fort Union Trading Post » à Williston. La documentation
nous promettait un voyage dans les années 1850, à l’époque florissante du
commerce des fourrures dans le Haut Missouri. C’est ici que les tribus
Assiniboine, Cree, Ojibway, Blackfeet et Hidatsa venaient échanger des peaux de
bisons et autres fourrures pour des vêtements, des fusils, des couvertures, des
couteaux et des chaudrons. Durant l’été, les employés du fort font revivre les
personnages de l’époque. Et bien!, l’été n’est pas encore arrivé à Fort Union;
il commence seulement la semaine prochaine, lors de la longue fin de semaine du
Memorial Day. Nous avons fait un tour rapide du musée, nous nous sommes
promenés dans la cour intérieure du fort et nous nous sommes amusés à regarder
les nombreux chiens de prairie sortir de leurs trous. Avoir su, nous serions restés nous promener
au Theodore Roosevelt National Park.
La vie sociale au Fort Union Trading Post
Les échanges commerciaux
entre les marchands de fourrure et les tribus indiennes devinrent des occasions pour socialiser. Il y eut des mariages entre marchands et indiennes et des
adoptions. Les marchands marièrent des femmes indiennes pour avoir de la
compagnie, pour consolider des transactions d’affaires et aussi parce qu’il n’y
avait pas de femmes blanches qui vivaient dans le Haut Missouri à cette époque.
Dans les années 1850, la 2e génération des employés du commerce des
fourrures était de sang mêlé, des métis. De façon générale, le commerce des
fourrures dans le Haut Missouri, reflétait une période où les deux cultures
vivaient en harmonie. Les commerçants n’essayaient pas d’imposer des
restrictions au style de vie des indiens et de les forcer à vivre dans des réserves.
Cette période dura 60 ans, soit à partir du retour de Lewis et Clark en 1806 jusqu’à la
fin de la Guerre Civile en 1865. L’équilibre entre les deux cultures fut
renversé lorsqu’un grand nombre de blancs commença à émigrer vers l’ouest durant
la Guerre Civile, forçant les marchands de fourrure à fermer boutique et,
éventuellement, contraignant les indiens à vivre dans des réserves.
Fin d’une époque
Dans les années 1840,
l’arrivée des émigrants de l’Est accéléra la réduction du nombre de bisons qui
étaient essentiels à la survie des indiens des plaines. L’avancée des pionniers
au cours des années 1860 causa la fin de la chasse des bisons. Les conflits avec les blancs et la découverte
d’or dans le Montana causèrent la révolte chez les indiens. Comme résultat, le gouvernement fédéral
envoya des troupes armées pour contrôler les indiens. Finalement l’expansion du
chemin de fer transcontinental amena plus de colons dans la région du Haut
Missouri et mit fin à la résistance des indiens des plaines.
Fort Union Trading Post |
Un chien de prairie nous regarde |
Tout près du Fort Union, se trouve le Fort Buford qui était un fort militaire pour la défense du confluent des rivières Missouri et Yellowstone. C’est là que nous allons pique-niquer. La rivière Missouri continue vers l’ouest tandis que la rivière Yellowstone descend au sud jusqu’au pied des Montagnes Rocheuses. Lors de leur voyage de retour en 1806, Lewis et Clark avaient pris des chemins différents, Lewis revenant par le Missouri et Clark par le Yellowtone. Ils s’étaient donné rendez-vous au confluent des deux rivières, à l’endroit où nous nous trouvons présentement. Clark écrit dans son journal, en date du 4 août 1806, « Les tourments que nous infligent les moustiques et le besoin que nous avons de nous approvisionner en viande de bisons, m’obligent à continuer et à trouver un endroit où les moustiques seront moins agressifs. L’enfant de Sacagawea a été tellement piqué par les moustiques que son visage est tout bouffi et tuméfié. » Il écrivit une note à Lewis pour l’en informer et la fixa à un arbre.
Nous continuons notre route
vers le sud-ouest et nous entrons dans le Montana. Nous sommes maintenant dans
le fuseau horaire des montagnes, donc nous reculons nos montres d’une heure, ce
qui nous donne deux heures de différence avec les gens de l’Ontario et du
Québec. Nous nous arrêtons pour la nuit
dans un RV Park à Glendive, situé derrière l’hôtel Astoria. Pour $22, nous avons les trois services et,
comme voisins, un couple de pique-bois nichés dans l’arbre sur notre site. Nous
passons au moins 30 minutes à essayer de les photographier pendant qu’ils font
des allers-retours dans les arbres voisins.
Le soir du 7 avril, Lewis pris un léger souper et se coucha
tôt. Son lit était fait d’une peau de bison avec une couverture placée à
l’intérieur. Dans le tepee, dormaient aussi Clark, Charbonneau, Drouillard, Sacagawea
et son bébé. Les soldats dormaient à l’extérieur. En plaçant Sacagawea dans la tente entourée
des deux capitaines, ils la protégeaient des tentations qu’auraient pu avoir
les autres hommes. Cet arrangement a
fonctionné car il n’y a aucune indication dans les écrits des capitaines
qu’avoir une jeune femme parmi ces soldats forts et en santé ait causé
problème.
Ce soir-là, Lewis écrit dans son journal un texte qui devint
célèbre. « Nos navires consistent en six petits canots et deux larges
pirogues. Cette petite flotte, bien que
pas aussi respectable que celle de Christophe Colomb ou Capitaine James Cook,
est pour nous une source de plaisir comme celle de ces personnages célèbres
leur en ont procurée. … Nous allons maintenant pénétrer une région d’au moins
2000 milles de large que les pieds d’un homme civilisé n’ont jamais foulée. »
Sacagawea montrait déjà qu’elle pouvait apporter sa
contribution. Quand l’expédition s’arrêtait pour souper, elle partait à la
recherche d’artichauts sauvages, qu’on appelle maintenant topinambours. Ces
racines étaient les bienvenues et très appréciées des hommes.
La pirogue blanche était plus petite et plus stable; six
rameurs la propulsait et transportaient les instruments astronomiques, les
médicaments, les meilleurs produits pour le commerce, les journaux et les notes
des capitaines ainsi que les tonneaux de poudre. Sacagawea
et son bébé bien enveloppé dans le porte-bébé attaché au dos de sa mère,
Charbonneau, Drouillard et les deux capitaines ramaient dans la pirogue
rouge. Le 15 avril l’expédition
pénétrait au cœur des ténèbres : déserts, montagnes, grands cratères et
tribus indiennes guerrières. Lewis savait qu’à partir de ce moment et jusqu’à
ce qu’il atteigne le Pacifique, il créait l’Histoire.
La région, des deux côtés du Missouri, était une plaine
fertile aussi loin que les yeux pouvaient se porter et où il n’y avait pas un
seul arbre. Le manque d’arbres pouvait s’expliquer par la coutume des indiens
de brûler la prairie à chaque printemps.
Le 27 avril, Lewis écrit : « bien que le gibier soit abondant
et tranquille, nous tuons seulement la quantité nécessaire pour notre
nourriture. Je crois que deux bons chasseurs pourraient subvenir aux
besoins en nourriture d’un régiment. Le travail des hommes était encore une
fois tel que chaque soldat mangeait neuf à dix livres de viande à chaque jour.
Cela veut dire que lorsque les capitaines allaient à la chasse, ils devaient
rapporter 300 livres environ de viande. Le
premier mois de voyage dans cette région inconnue fut splendide. Aucun indien
amical ou hostile ne fut rencontré.
Le 25 avril, Lewis arriva au croisement des rivières
Missouri et Yellowstone. Il décida de
marcher et de faire des observations
célestes. À 9h41, 9h42 et 9h43, il
mesura l’altitude du soleil avec l’horizon à l’aide de son sextant. Il obtenait
ainsi l’heure locale, essayant d’établir le moment du midi contre lequel comparer l’heure de Greenwich.
Il voulait établir la longitude à la jonction des deux rivières. Il envoya le soldat Field en exploration sur
la rivière Yellowstone avec l’instruction de la suivre aussi loin que possible
tout en étant capable de revenir au camp le jour suivant.
Le lendemain vers midi, Lewis entendit plusieurs coups de
fusils indiquant que Clark et ses hommes arrivaient à l’embouchure du
Yellowstone. Il retrouva les hommes tous en bonne santé et heureux d’être enfin
arrivés à cet endroit longtemps espéré.
Pour ajouter au plaisir, Lewis offrit une tournée de whisky et, au son
du violon, ils passèrent la soirée à chanter et danser.
Le soldat Field revint de son exploration et rapporta que la
rivière Yellowstone serpentait vers le sud, que le courant était faible et que
le fond de la rivière était sablonneux et vaseux.
Les Hidatsas avaient dit à Lewis que la rivière Yellowstone
était navigable en pirogues et en canots
et prenait sa source dans les Montagnes Rocheuses (aujourd’hui le Parc national
Yellowstone) et qu’à partir de là, à une demi-journée de marche, on pouvait
rejoindre la partie navigable du Missouri. Ils dirent aussi que la source de la
rivière Yellowstone était adjacente à celles des rivières Missouri et Columbia.
Si les capitaines avaient tenu compte des informations des Hidatsas et que les
instructions de Jefferson n’avaient pas été si contradictoires, le président voulait
qu’ils suivent le Missouri jusqu’à sa source, l’expédition aurait pu naviguer
sur la rivière Yellowstone et la laisser plus au sud pour continuer vers
l’ouest et traverser ensuite la ligne continentale, au-dessus d’une passe
relativement basse (aujourd’hui Bozeman Pass). Ils auraient alors atteint les
« Three Forks » du Missouri, leur épargnant ainsi deux mois de
voyage.
Le 8 mai,
l’expédition arriva à la hauteur d’une rivière arrivant du nord. Pendant que
les hommes mangeaient, Lewis marcha quelques trois milles. Il écrit dans son
journal, « Je n’ai aucun doute que cette rivière est navigable sur une
grande distance à voir la grande quantité d’eau qu’elle fournit. » Il la
nomma Milk River. On sait aujourd’hui que cette rivière monte au-delà du parc
national Glacier, jusqu’en Alberta, et
redescend vers le Montana.
Cet après-midi-là, Drouillard, Charbonneau et Sacagawea
allèrent marcher. Sacagawea trouva de la réglisse sauvage des bois dont les
racines appelées « pommes blanches », font partie de l’alimentation
des indiens. Ce nouveau légume était
bienvenu car les hommes mangeaient presqu’exclusivement de la viande. Certains souffrirent de scorbut à différents
moments de l’expédition. Le 9 mai fut une bonne journée. Lewis tua un bison
bien gras et garda la partie de viande nécessaire pour que Charbonneau puisse
fabriquer du boudin blanc, un mets que les hommes affectionnaient
particulièrement.
Le 11 mai, le soldat Bratton revint en courant le long de la
berge en criant et en faisant des signes. A bout de souffle, il rapporta qu’il
avait tiré et blessé un grizzly mais que la bête l’avait poursuivi sur une
longue distance. Lewis n’était pas homme à permettre à un ours de vaincre un de
ses hommes. Il ordonna à ses hommes dans la pirogue blanche de se joindre à lui
pour partir à la quête de ce monstre.
Suivant les traces de sang, ils poursuivirent l’ours pendant un mille et
le trouvèrent caché dans un épais buisson.
Ils le tuèrent de deux balles à la tête.
Trois jours plus tard, il y eut une autre bataille entre un ours et des
hommes de l’équipage. Pendant que cette
dernière aventure avait lieu, Lewis en vécut une qui aurait pu être désastreuse
pour l’entreprise. Les deux capitaines
étaient sur le rivage pendant que Charbonneau était à la barre de la pirogue
blanche, malgré que Lewis le considérait comme le pire navigateur du monde. La
voile de la pirogue était levée quand une soudaine bourrasque fit tourner le
bateau. En panique, au lieu de remettre
la proue dans le sens du vent, Charbonneau tourna avec lui risquant de faire
chavirer la pirogue. Cruzatte cria à
Charbonneau de prendre le gouvernail et tourner le bateau dans le sens du vent
mais Charbonneau était complètement paniqué et n’entendait rien. En peu de temps, la pirogue était remplie
d’eau jusqu’à un pouce du bord et le contenu du bateau flottait au loin. Heureusement Cruzatte fut capable de forcer
Charbonneau à obéir en le menaçant de le tuer instantanément s’il ne le faisait
pas. Pendant ce temps, Sacagawea restait
calme et attrapait la plupart des articles légers qui étaient tombés à
l’eau.
Durant la dernière semaine de mai, l’expédition entra dans
une section de la rivière dominée par de hautes falaises escarpées. Jusqu’à aujourd’hui, cette région demeure
l’une des parties les plus isolées des États-Unis qui s’étend sur 160 milles,
de l’extrémité est de Fort Peck Lake jusqu’à Fort Benton au Montana et qui a
été désignée « A Wild and Scenic River » par le Congrès américain.
Dans l’après-midi du 26 mai, Lewis grimpa au haut d’une
falaise. Quand il atteint le plus haut sommet, il aperçut pour la première fois
les Montagnes Rocheuses dont les sommets étaient couverts de neige. Cette vue
le remplit de joie mais aussi de consternation en réalisant les difficultés que
cette barrière enneigée représentait pour atteindre le Pacifique, les
souffrances et le dur labeur qui les attendaient.
Avec les montagnes en vue, la hâte de les atteindre et de
les traverser devint de plus en plus grande, mais hélas les progrès étaient
plus lents que jamais en raison des nombreux méandres de la rivière et
l’abondance de rochers dans le fond peu profond de la rivière. La plupart du temps, les hommes devaient
pousser et tirer les embarcations. L’eau
était froide sur les jambes des hommes, le soleil brûlait leurs dos nus et les
rochers pointus blessaient leurs pieds.
Le 31 mai, l’équipage était dans la région de White Cliffs
dont les falaises presque verticales atteignaient deux à trois cents pieds de
haut et brillaient d’un blanc pur au soleil.
La rivière était pire que jamais. Pour les hommes, cela signifiait que
leur labeur était incroyablement difficile et douloureux. Encore là, ils le supportaient sans se plaindre.
A midi, ils firent une pause pour se rafraîchir et eurent droit à un petit verre
de whisky que les hommes acceptèrent avec bonne humeur.
Le 1er juin, la rivière fit un grand virage,
obligeant l’expédition à changer de direction et aller vers le sud-ouest. Lewis
passa une grande partie de la journée à marcher le long du rivage avec les
chasseurs, à la recherche de wapitis. Il espérait arriver aux Great Falls du
Missouri d’un jour à l’autre. Au crépuscule, l’équipage mit pied à terre sur la
rive sud. De l’autre côté de la rivière, ils pouvaient voir une très grand
rivière se déversant dans le Missouri. Qu’est-ce que c’était ? Selon les
Hidatsas, ils avaient déjà passé le dernier affluent du Missouri. Les grandes
chutes du Missouri étaient supposées être le prochain point de repère après
Milk River. Il faisait presque noir, trop tard pour examiner cette rivière
inattendue.
À retenir ce parc de Canon Ball!
RépondreEffacerMagnifique la photo de pique-bois!
Nous aussi nous avons acheté une carte pour les parcs nationaux ce printemps, il faudra s'en rappeler si jamais nous y retournons dans moins d'un an!
Ah les moustiques !!!! Je vous laisse deviner qui a écrit ça. ;)
RépondreEffacerNous pensons avoir trouvé la raison de la disparition des dinosaures dans les Badlands: ils ont été mangé par les moustiques.
RépondreEffacerta soeur Louise