mardi 24 mai 2016

23 et 24 mai - Great Falls (Montana)

Lundi matin, partis de Glendive à 9h15, nous arrivons à Great Falls à 16h00 en voyageant par la route 200. Le long de cette route, il n’y a que quelques petits villages et une seule ville, Lewistown. Comme nous sommes au sud de la Saskatchewan, ce ne sont que des champs à perte de vue où nous voyons de temps en temps quelques troupeaux de vaches, mais pas de bisons ni de wapitis. Il y a peu de chance que nous mangions du steak de bison ce soir.  

Le long des grandes plaines du Montana
Une vache a sauté la clôture et nous regarde passer le long de la route; un cerf traverse la route en courant; deux motocyclistes filent à toute allure et deux cyclistes pédalent avec vigueur.  C’est tout ce que nous avons vu d’excitant aujourd’hui.  De plus, il a plu une bonne partie de la journée, de quoi affecté notre moral.

Des heures de route m’ont permis d’en apprendre plus sur la vie sociale entre les marchands de fourrure et les tribus indiennes à Fort Union Trading Post entre 1828 et 1867.  J’ai donc ajouté des informations supplémentaires dans le  récit du 22 mai. (Voir « Vie sociale à Fort Union Trading Post et Fin d’une époque »

Pour nous remonter le moral, nous décidons de nous gâter ce soir et nous nous installons au Koa de Great Falls, le prix est de $53 + taxes, ajouter à cela le taux de change et vous verrez que ce n’est pas donné.  Mais ça valait la peine car nous pouvons nous installer confortement dans le loft du bureau d’accueil pour utiliser leur WIFI ultra rapide. Et que dire de leurs salles de bain individuelles avec douche, toilette et lavabo. Adjacent au Koa, se trouve le Waterpark qui n’ouvrira qu’en fin de semaine.

Mardi, nous visiterons le « Lewis and Clark National Historic Interpretive Center » à Great Falls, puis nous partirons pour Glacier National Park pour trois jours.  Ce parc est loin de la route du Missouri que suivaient Lewis et Clark, mais nous ne pouvions venir au Montana sans aller explorer ce grand parc dont la route Go-to-the-Sun est encore fermée sur plusieurs kilomètres.

Vous aurez beaucoup de lecture à faire aujourd'hui sur Lewis et Clark, alors installez-vous confortablement ....

De la rivière Marias aux Grandes Chutes du Missouri 3 au 20 juin 1805
Le matin du 3 juin, l’équipage traversa le Missouri et installa un camp à la jonction des deux grandes rivières. Une intéressante question se posait maintenant; laquelle de ces deux rivières étaient le Missouri ?

La décision à prendre était difficile et critique. Les Hidatsas n’avaient jamais parlé d’une rivière arrivant par le nord après avoir passé Milk River. Mais ils n’avaient jamais parlé non plus d’une grande rivière venant du sud. Ils avaient cependant été explicites que le Missouri avaient des grandes chutes qui descendaient des montagnes, et qu’après la rivière pénétrait dans ces montagnes, presque jusqu’à la ligne continentale, à l’endroit où vivait les Shoshones. Ceux-ci avaient des chevaux, essentiels pour traverser les montagnes et Sacagawea parlait leur langue.

Le bras nord était plus profond mais dans celui du sud, le courant était plus rapide.  Selon la description de Lewis, les eaux de la rivière nord ressemblaient plus à celles du Missouri, de couleur brune et vaseuse. Celles de la rivière sud étaient parfaitement transparentes. Selon le raisonnement de Lewis, la rivière nord devait courir à travers les plaines pour transporter autant de sédiments, tandis que celle du sud devait venir directement des montagnes.

Les capitaines envoyèrent en éclaireurs Sergent Pryor sur la rivière nord et Sergent Gass sur la rivière sud. Leur compte-rendu n’étant pas concluant, les capitaines décidèrent de partir le lendemain matin avec quelques hommes et de remonter les rivières jusqu’à ce qu’ils soient parfaitement satisfaits. Il fut entendu que Lewis irait le long de la rivière nord et Clark le long de la rivière sud et qu’ils reviendraient au camp au bout d’un jour et demi de marche.  Le lendemain, Lewis partit avec le sergent Pryor, les soldats Shields, Windson, Cruzatte,  Lepage et Drouillard qu’il appréciait beaucoup. La marche était difficile à cause des petits plants de cactus dont les épines pénétraient dans les mocassins des hommes. De plus, les ravins étaient profonds et nombreux, obligeant les hommes à retourner à la rivière et marcher dans l’eau. En dépit des difficultés, ils couvrirent 32 milles cette journée-là presque toujours vers le nord. Le jour suivant, ils marchèrent un autre 30 milles. Lewis en vint à la conclusion que cette branche du Missouri allait trop vers le nord pour être la route vers le Pacifique. Ils campèrent près de l’endroit où se trouve aujourd’hui Tiber Dam.  Le lendemain, les hommes construisirent deux radeaux afin de descendre la rivière, mais les embarcations s’avérèrent trop petites pour leurs besoins.  Ils durent donc reprendre leur marche. Le temps était froid, pluvieux et misérable. Ils marchèrent 25 milles et passèrent une nuit inconfortable, sans abri,  sous la pluie. Le lendemain matin, ils reprirent leur marche mais la pluie avait rendu l’argile du sol très glissante et il y avait trop de ravins à traverser. Ils continuèrent donc leur route en marchant dans l’eau boueuse de la rivière, souvent ayant de l’eau jusqu’à la poitrine. Ils tuèrent quand même six cerfs ce jour-là et, après avoir monté le camp et mangé leur premier repas de la journée, ils se couchèrent sur des branches de saules profitant d’un repos confortable et bien mérité. Lewis nomma cette rivière Marias River et était convaincu que ce n’était pas le Missouri. Ils arrivèrent au camp vers 17h00, très fatigués. Clark fut soulagé de les voir arrivés car ils arrivaient deux jours plus tard que prévu. Les capitaines s’entretinrent, étudièrent les cartes et tombèrent d’accord que la fourche sud était la vraie rivière Missouri.

Le lendemain, 9 juin, Lewis tenta de convaincre les hommes que la fourche sud était le Missouri, mais sans succès; ils étaient tous convaincu que la fourche nord était le vrai Missouri. Ils acceptèrent cependant de suivre les capitaines dans la direction qu’ils avaient choisie mais réaffirmèrent que l’autre était la bonne rivière.  Les voyant si déterminés, les capitaines décidèrent que l’un deux partirait avec quelques hommes en marchant le long de la rivière sud et qu’ils continueraient leur route jusqu’à ce qu’ils trouvent les chutes ou atteignent les montagnes enneigées tandis que l’autre partirait sur la rivière avec les embarcations et la balance de l’équipage. Les capitaines cachèrent la pirogue rouge sur une île, à l’embouchure de la Marias River, ainsi que le bagage le plus lourd et une partie des provisions qu’ils prévoyaient reprendre sur le chemin du retour.  De cette façon, il y aurait sept rameurs de plus pour les canots et la pirogue blanche. Pendant que Clark progressait sur la rivière, Lewis entreprit l’expédition sur terre avec quatre hommes.

Durant la nuit du 10 au 11 juin, Lewis souffrit d’une attaque de dysenterie.  Au matin, il se sentait un peu mieux mais encore faible. Néanmoins, il prit son sac à dos et partit avec ses hommes. Ils avaient couvert neuf milles quand ils tuèrent quatre cerfs qu’ils dépecèrent et pendirent aux arbres près de la rivière pour que Clark et ses hommes les ramassent.  Lewis fut saisi à nouveau de violentes douleurs intestinales. La douleur devint plus forte et s’accompagna d’une forte fièvre. Lewis n’avait pas apporté de médicaments avec lui. S’inspirant de ce que sa mère lui avait enseigné, il envoya ses hommes cueillir de petites branches de cerisiers de Virginie, enleva les feuilles, les coupa en morceaux de deux pouces et les fit bouillir dans l’eau jusqu’à ce qu’une infusion noire astringente au goût amer soit produite. Il en but une pinte et une heure plus tard il se força à en boire une autre. Au bout d’une demi-heure, ses douleurs avaient disparu et sa fièvre avait baissé. Puis il passa une nuit confortable et reposante. Au lever du soleil à 4h30, Lewis se leva et repris une autre pinte de l’infusion avant de repartir.  Malgré son état de santé de la veille, il marcha 27 milles et les hommes tuèrent deux ours.

Le 13 juin Lewis grimpa une colline d’où il pouvait apercevoir une magnifique plaine s’étendant sur 50 à 60 milles et où des bisons broutaient à perte de vue. De retour à la rivière, il ordonna à ses hommes d’aller en tuer quelques-uns pour le repas du soir. Pendant ce temps, il continua à marcher environ deux milles … quand il entendit le son agréable d’une chute d’eau et, s’avançant un peu plus loin, il vit un jet s’élever au-dessus de la plaine comme une colonne de fumée; bientôt commença un formidable rugissement  qui ne pouvait provenir que des grandes chutes du Missouri. Il retourna rapidement à la rivière et se rendit en courant au sommet des rochers  sur une île en face des chutes pour admirer ce majestueux spectacle, le plus grandiose qu’il ait jamais vu. 

Lewis devant les grandes chutes du Missouri
Drouillard et les soldats le rejoignirent sur l’île avec une grande quantité de viande de bison pour préparer un festin. Goodrich attrapa aussi quelques truites d’une espèce encore inconnue à la science et que Lewis trouva  délicieuse.

Le lendemain matin, Lewis envoya le soldat Field porter une lettre à Clark pour l’informer de la découverte des chutes.  Peu après, il prit son fusil et partit pour une longue marche en remontant le courant afin de voir où les rapides se terminaient. Ça ne devait pas être trop loin car les Hidatsas lui avaient dit que le portage prenait une demi-journée.  Pendant les cinq premiers milles, les rapides continuaient toujours. Soudain, dans une courbe, il vit une seconde chute de la moitié de la hauteur de la première. Entendant un rugissement au-dessus de lui, il continua sa route et découvrit une autre beauté de la nature, une cascade perpendiculaire d’environ 50 pieds, ensuite une autre de 14 pieds et une autre de 26 pieds. Ensemble, cinq chutes constituaient les grandes chutes du Missouri. Lewis réalisa alors que le portage serait plus long et plus difficile qu’il anticipait. Finalement, au bout de 12 milles de chutes et de rapides, Lewis arriva à un point où le Missouri reposait en une couche d’eau lisse et uniforme sur un mille de large et où de grandes volées d’oies venaient se nourrir dans les pâturages de chaque côté de la rivière. Lewis débordait de joie et d’extase.

Il décida ensuite de continuer jusqu’à la rivière que les Hidatsas appelait Medicine River qui rejoignait le Missouri par le nord-ouest. Sa marche le conduisit devant le plus gros troupeau de bisons qu’il ait jamais vu. Il tira sur un bison très gras et, distrait par la vue du sang qui s’écoulait de la bouche du bison, il en oublia de recharger son fusil. A ce moment, il devint une proie. Derrière lui, un grizzly s’était rapproché d’une vingtaine de pas. En le voyant, Lewis pris son fusil mais réalisa instantanément qu’il n’était pas chargé et qu’il n’avait pas suffisamment de temps pour le faire avant que l’ours ne le rejoigne. Instinctivement, il chercha autour de lui un endroit pour se cacher. Il n’y avait aucun arbre sur une distance de 300 verges et le bord de la rivière était à environ trois pieds au-dessus du niveau d’eau, bref aucun endroit pour avoir suffisamment de temps pour recharger son fusil. Lewis se mit à courir rapidement mais l’ours le rattrapait, la bouche ouverte. Lewis courut dans la rivière pensant que s’il avait de l’eau jusqu’à la taille, l’ours serait obligé de nager et qu’il pourrait se défendre avec son espontoon (demi-pike des officiers). A la vue de l’arme, l’ours s’arrêta comme si effrayé et battit en retraite précipitamment. Ce jour-là Lewis apprit une leçon et rechargea son fusil dès qu’il atteignit la rive.

Lewis se rendit jusqu’à Medicine River, l’examina et prit des notes. Quand il eut fini, il était 6:30 p.m.  Il restait environ trois heures de clarté et douze milles pour retourner au camp.  Sur le chemin du retour, il tira sur un loup qui approchait de trop près, puis fit face à trois bisons qui rebroussèrent chemin aussi vite qu’ils étaient venus.  Lewis eut le sentiment que les animaux des alentours s’étaient tous ligués pour l’éliminer.

Le matin du 15 juin, Lewis passa des heures à écrire son journal en décrivant ses mésaventures de la veille.  Le soldat Field revint et rapporta que Clark et ses hommes étaient arrêtés aux pieds des rapides, environ cinq milles plus bas.  Clark jugea qu’il ne pouvait pas aller plus loin et que le portage devrait débuter à cet endroit.  Lewis avait l’impression qu’il y avait trop de ravins sur la rive nord et que le portage devrait se faire du côté sud.

Le grand portage 16 juin au 14 juillet 1805
Le 16 juin, Lewis rejoignit Clark aux pieds des rapides. Ils avaient beaucoup à discuter : leurs expériences au cours des jours précédents, ce qu’ils avaient vu, les provisions de viande, et surtout, de quel côté de la rivière faire le portage des chutes et où le commencer. Mais avant qu’ils prennent une décision, Clark informa Lewis d’un problème plus urgent, Sacagawea était malade et cela durait depuis une semaine. Clark avait essayé les saignées qui n’avaient pas fonctionné, puis il lui avait appliqué dans la région pelvienne un cataplasme d’écorce péruvienne (écorce de quinquina qui contient de la quinine utilisée pour le traitement de la malaria) et administré du laudanum, aussi sans succès. Lewis examina Sacagawea et la trouva extrêmement malade avec une forte fièvre, un pouls à peine perceptible, une respiration irrégulière et un tremblement des doigts et des bras. Il en conclut qu’elle souffrait d’une obstruction des menstruations, ce qui n’était pas loin de la vérité.  Il lui administra deux doses d’écorce péruvienne et de l’opium, ce qui améliora son pouls. Elle avait aussi très soif. Lewis se rappela avoir vu une source d’eau sulfureuse de l’autre côté de la rivière et il envoya un homme en chercher. Il figura que l’eau contenait du fer ainsi que du sulfure et que c’était ce dont elle avait besoin. Il avait probablement raison car les tremblements pouvaient avoir été causés par la perte de minéraux résultant des saignées que Clark lui avait administrées. Très certainement les saignées l’avaient déshydratée et occasionné sa soif. Elle but avidement l’eau sulfureuse pendant que Lewis continua de lui appliquer des cataplasmes.  Le soir, la santé de Sacagawea s’était améliorée, son pouls était devenu régulier et les tremblements avaient cessé.  Aucun médecin de son époque n’aurait pu faire mieux que Lewis pour sauver la jeune indienne.

Pendant que Lewis soignait Sacagawea, Clark se rendit avec quelques hommes près d’un petit ruisseau où se trouvait un bosquet de peupliers afin d’y établir leur camp de base pour le portage.  C’était le seul endroit à la ronde où il y avait suffisamment de bois de chauffage. Lewis le rejoignit en après-midi. Les capitaines décidèrent de laisser la pirogue blanche au camp de base et de dépendre uniquement du bateau à charpente de fer qu’ils allaient assembler et transporter au-delà des chutes.  Pour alléger la charge, ils décidèrent aussi de fabriquer une autre cache pour les items jugés non absolument nécessaires pour le reste du voyage.

A la tombée de la nuit, les deux éclaireurs revinrent et informèrent les capitaines que deux ravins très profonds coupaient la plaine entre la rivière et la montagne et que selon eux le portage avec les canots était impraticable de ce côté de la rivière. Lewis répondit « Bon ou mauvais, nous devons faire le portage ». Après avoir examiné à nouveau la situation, il s’est avéré que les deux petits canots pouvaient montrer jusqu’au ruisseau sur une distance de deux milles et que de ce point il y avait une montée graduelle jusqu’en haut de la plaine. C’est à cet endroit que le portage commencerait.

Lewis identifia un peuplier de 22 pouces de diamètre.  Il chargea six hommes pour le couper et le scier transversalement pour en faire des roues. Il ordonna aux hommes de prendre le mât de la pirogue blanche et le couper pour en faire des essieux. Des peupliers plus petits et plus souples seraient utilisés pour fabriquer deux wagons qui serviraient à transporter les canots et les bagages. Pour recouvrir le bateau de fer, Lewis avait besoin de peaux de cerfs qu’il croyait plus durables et résistantes que celles des bisons et qu’elles rétréciraient moins en séchant.  Il envoya Drouillard et deux hommes à la chasse aux cerfs pour récupérer leurs peaux.

Les wagons et les bagages étaient prêts pour le portage. Pendant que Clark était parti examiner le chemin du portage, Lewis envoya les hommes à la chasse. Il voulait avoir la plus grande quantité de viande sèche possible pour ne pas avoir à détacher des hommes pour la chasse durant le portage.

En soirée, Clark revint et rapporta que le chemin du portage était de 17.45 milles. Il fut décidé que Clark superviserait le portage pendant que Lewis irait à la fin du sentier où se trouvait un groupe d’îles, appelées White Bear Islands, pour superviser la préparation du bateau de fer. Il partirait en compagnie de trois soldats avec la première charge dans un canot placé sur un wagon qui inclurait le bateau et les outils nécessaires. Clark informa Lewis qu’il n’y avait pas de pins, seulement des peupliers sur les îles, ce qui donna à Lewis une raison de plus de s’inquiéter car sans la gomme de pin pour sceller les coutures du cuir recouvrant la charpente du bateau, il devrait trouver une autre solution.

Le portage débuta peu après le lever du soleil le 22 juin. Tous les hommes, à l’exception de deux restés en arrière pour surveiller les bagages, se joignirent aux capitaines pour monter le canot jusqu’aux plaines. Ils eurent une multitude de problèmes, en commençant par les cactus piquants et des bris; un essieu se brisa, des attaches se déchirèrent. Malgré les difficultés, tard dans la soirée, ils réussirent à monter le canot jusqu’au haut du portage.

Au cours des douze jours suivants, Lewis resta au camp de White Bear Islands, supervisant la construction du bateau, pendant que Clark supervisait le portage. Le dernier fut le plus difficile.  Ils furent assaillis par de la grêle aussi grosse que des pommes, les moustiques, le soleil chaud et la pluie froide.

Pour libérer un homme afin qu’il aide à préparer les peaux de cerfs, Lewis s’assigna lui-même le rôle de cuisinier. Il ramassa de l’eau et du bois et dans le plus gros chaudron de fer, il fit bouillir assez de viande séchée pour nourrir trente hommes en y ajoutant des boulettes de suif pour le plaisir des hommes.

Il y avait de vastes troupeaux de bisons tout autour du camp, ce qui gardait Seaman, le chien de Lewis, éveillé toute la nuit.  Les grizzlis étaient nombreux également et beaucoup plus dangereux. Lewis obligeait ses hommes à coucher avec leur fusil à portée de la main. Les ours venaient près du camp la nuit mais, grâce à Seaman qui patrouillait toute la nuit et les avertissait à temps s’il remarquait des visiteurs, ils ne furent jamais attaqués.

Vers le 30 juin, le bateau de fer était assemblé et les peaux, 28 de cerfs et 4 de bisons, étaient prêtes.  Le matin, l’assemblage des peaux sur le cadre du bateau commença. Pendant ce temps, il restait deux jours avant que le portage soit complété. Dans son journal, Lewis écrit qu’il commençait à s’impatienter de ne pas bouger car déjà trois mois s’étaient écoulés depuis leur départ de Fort Mandan et ils n’avaient pas encore atteint les Montagnes Rocheuses.

Le 1er juillet, Lewis et ses hommes tentèrent de faire du goudron mais ce fut un échec. L’absence de gomme de pin l’obligea à tenter des expériences qui prenaient énormément de temps. Le soir du 3 juillet, le bateau était prêt. Le lendemain, les hommes tournèrent le bateau à l’envers sur un échafaud et firent de petits feux sous le bateau pour le faire sécher.  Le 5 juillet, Lewis prépara un mélange de charbon de bois, de cire d’abeilles et de suif de bisons pour en couvrir tout le bateau. Pendant deux jours, les hommes ont gardé les feux allumés pour que le bateau puisse sécher puis apposèrent une deuxième couche.

Le 9 juillet c’était le jour du lancement du bateau.  Lewis avait passé presque deux semaines à le préparer ce qui retarda l’expédition de quatre à cinq journées. Il comptait sur ce bateau pour transporter le matériel volumineux au pays des Shoshones.  Juste au moment où l’expédition s’apprêtait à partir, un vent violent se leva, formant des moutons sur la rivière, mouillant une partie des bagages et forçant les hommes à décharger les canots. Il était tard dans la soirée quand la tempête se calma. Lewis découvrit alors que la couche de goudron s’était séparée des peaux et avait laissé les coutures exposées. Le bateau prenait l’eau de partout. Lewis était mortifié. Il s’est avéré que les peaux de bisons avec un peu de poil laissé sur elles avaient mieux résisté. Mais il était trop tard pour faire d’autres expériences.  Il dut faire ses adieux à son bateau et aux services qu’il aurait rendus.

Sans le bateau pour remplacer les deux pirogues, ils avaient besoin de plus de grands canots. Les chasseurs avaient trouvé un bosquet de peupliers suffisamment gros pour construire des canots.  Pendant que Lewis supervisait le transport des bagages, Clark et ses hommes se rendirent au bosquet pour commencer la fabrication des canots.  Ils utilisèrent deux arbres, l’un de 25 pieds de long, l’autre de 33 pieds et chacun de 3 pieds de large. Cela prit 5 jours pour les creuser et les préparer pour le voyage. Ça faisait un mois que Lewis avait découvert les grandes chutes et ils avaient progressé à peine de 25 milles. Le 14 juillet, tout était prêt; avec 2 grands et 6 petits canots ainsi qu’un bagage réduit à son minimum, l’expédition partit pour les montagnes.

2 commentaires:

  1. Ça fait du bien de se gâter un peu dans un voyage!
    Un portage de 17 miles! Ouf!
    Est-ce qu'on peut les voir ces chûtes qu'ils ont découvertes?

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  2. Vous verrez les chutes dans notre récit du 24,25 mai. Elles sont encore plus belles en réalité.

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