mardi 17 mai 2016

16 mai - Kansas City, St. Joseph (Missouri)

Quand la pluie défait tous nos plans
Hier, c’était le chant des oiseaux qui nous égayait, ce matin (lundi) c’est le bruit infernal d’un vieux VR classe A qui n’en finit plus de partir et nous empêche de siroter notre café en paix. Comme la journée s’annonce maussade, nous ne sommes pas pressés et partons plus tard.

Nous reprenons la route pour nous rendre à Kansas City, à 3 heures de route de St. Peters vers le nord. La pluie commence et devient de plus en plus abondante.  Nous aurions voulu faire un détour par Fort Osage, mais c’est lundi et il est fermé. Le projet de la journée est de se promener dans la ville pour admirer les 200 fontaines qui font la renommée de la ville.  Première étape, trouver l’Information touristique, située sur Main Street, selon l’internet.  Nous trouvons un stationnement sur une rue avoisinante et, armés de nos parapluies, nous partons à la recherche  du 1100 Main Street.  Il y a bien un gros édifice et bien des boutiques à cette adresse mais pas de bureau d’information. Nous continuons nos recherches un peu plus loin.  Au bout de 15 minutes, complètement trempés et gelés, nous renonçons aux fontaines. La seule que nous ayons vue ne méritait pas une photo, aux dires de Serge. 

Plan B, nous nous rendons à St. Joseph, situé plus au nord. Il pleut toujours et fait aussi froid. Nous renonçons encore une fois à la visite touristique. Plutôt, nous allons au Walmart faire le plein d’épicerie et acheter un téléphone cellulaire. Le gérant du département passe 20 minutes au téléphone pour l’activer avec la préposée de la compagnie.  Une chance que je n’ai pas essayé de le faire moi-même, j’y aurais passé la nuit. 

En parlant de nuit, pas question que nous la passions sur le stationnement du Walmart après cette journée déprimante.  Nous faisons encore une heure de route vers le nord et nous nous arrêtons au Big Lake State Park. Ce State Park a une histoire qui le relie à Lewis et Clark. Le 10 septembre 1806, au cours de leur voyage de retour, l’expédition a campé ici sur une île à Big Lake. Le State Park fait face au lac et n’est pas très grand. Nous occupons le site 59 et n’avons aucun voisin car seulement quatre sites sont occupés.  Pour $19 avec électricité, ça valait la peine de délaisser Walmart. 

De retour en 1804 ….

En remontant le Missouri, mai à juillet 1804
Pendant ce temps en 1804, l’équipage de Lewis et Clark affrontait la rivière Missouri en début de printemps. Le niveau de la rivière était haut et les obstacles nombreux.  De gros arbres, des milliers de branches et de bois mort descendaient le courant et menaçaient de percer les côtés du bateau. C’était pire que sur le Mississipi.  Comment ont-ils réussi à manœuvrer ce lourd bateau chargé de 10 à 12 tonnes de marchandises ?  Le travail des hommes était incroyable. Les soldats sur le bateau étaient solides, alertes et rapides.   Pour les voyageurs dans la pirogue, c’était plus facile, leur embarcation étant plus légère et plus manœuvrable. 

Quand l’expédition était sur l’eau, Clark était plus souvent sur le bateau et Lewis sur le rivage car Clark était un meilleur marin et Lewis un meilleur scientifique. Lewis prenait de longues marches collectant des spécimens d’animaux et de plantes et jugeant de la fertilité du sol. 

Lewis (photo extraite de National Geography)

Le 24 mai, l’expédition passe le hameau de Daniel Boon. Celui-ci s’était installé là avec sa famille en 1799 et plusieurs colons du Kentucky l’avaient rejoint.  Lewis et Clark débarquèrent sur le rivage et tous les habitants les  accueillirent, leur apportant du maïs et du beurre. Ont-ils rencontré Daniel Boon ? Probablement pas car ce n’est pas mentionné dans le journal des deux hommes.

Le jour suivant l’expédition passe le village La Charrette, le dernier hameau de blancs sur la rivière.  Daniel Boon va déménager là en 1805. Le site est maintenant disparu, emporté par la rivière. Clark inscrit dans son journal : « Les habitants du village sont pauvres et leurs maisons petites. Ils nous ont offert du lait et des œufs ».

La vie sur le bateau se déroulait ainsi. Lewis avait divisé l’équipage permanent en trois escouades qui cuisinaient et mangeaient ensemble. Chaque soir, après avoir mis pied à terre, le sergent Ordway remettait à chaque escouade les provisions du jour qui étaient cuisinées et dont une portion était gardée pour le jour suivant. La ration régulière était composée d’hominy (maïs concassé et bouilli) et de lard le premier jour, de lard salé et de farine le jour suivant et de farine de maïs et de porc le troisième jour. Pour fournir la viande, Drouillard et deux ou trois de ses compagnons voyageurs, accompagnés de deux chevaux, allaient chasser à chaque jour.

Le 8 juin,  le rameur de proue crie « Pirogue en avant ». Les trois voyageurs étaient des chasseurs et des trappeurs qui revenaient d’un voyage d’un an sur le Missouri. Ils avaient pour environ $800 de fourrures mais  n’avaient plus de provisions ni de poudre. Même avec ce que les capitaines leur ont donné, c’était à peine suffisant pour se rendre jusqu’à St. Louis.  Du point de vue des indiens, les fourrures étaient leurs ressources prises sans leur permission et sans paiement, ce qui explique les conflits qui s’en sont suivis.

Le 12 juin, le rameur de proue crie encore « Pirogues en avant ». Cette fois il y avait deux pirogues. L’une contenait des fourrures et l’autre de la graisse de bison et du suif. Lewis acheta 300 livres de « graisse de voyageur » soit pour la nourriture ou comme anti-moustique.  Le chef du groupe était Pierre Dorion qui s’était établi avec les Yankton Sioux sur la rivière Missouri.  Lewis et Clark le persuadèrent de retourner aux villages Sioux avec eux pour servir d’interprète.

Le 17 juin, Clark se plaint dans son journal que les hommes souffraient de dysenterie et de furoncles, ce qu’il attribue à l’eau boueuse. C’était vrai mais les autres raisons étaient leur diète qui ne comprenait que rarement des légumes frais, la viande qui était contaminée par les bactéries et les moustiques qui étaient une vraie plaie.

Le 26 juin, l’expédition arriva à l’embouchure de la rivière Kansas, là où se trouve aujourd’hui la ville de Kansas City. Ils y passèrent quelques jours, faisant des observations, aérant, faisant sécher et rempaquetant leurs provisions.  Partis de St. Charles le 21 mai, ils ont donc pris plus d’un mois pour parcourir 400 milles sur la rivière Missouri. Pour nous ce fut un voyage de 3h30.

Le soir du 28 juin, l’équipage était prêt à repartir le lendemain matin, mais cette nuit-là il y eut du pillage dans la réserve de whisky, suffisamment sérieux pour retarder le départ.  La ration quotidienne par personne était de 1 gill (1/2 tasse-125 ml), ce qui serait épuisée dans 104 jours.  Juste après minuit, le soldat Collins s’est laissé tenter par le baril tout près de lui et bientôt il était ivre.  Le soldat Hall est arrivé et Collins lui a offert un verre. Bientôt ils étaient tous les deux ivres.  Le matin, le sergent de la garde les mit aux arrêts et ils furent condamnés; 100 coups de fouet pour Collins et 50 pour Collins.  Ce fut douloureux pour les ivrognes, mais en après-midi, ils s’activaient quand même à ramer le bateau, en grognant.  

1 commentaire:

  1. Quelles conditions de vie ils avaient ces participants aux expéditions!
    Un State Park inoccupé avec l'électricité, on ne s'en passe pas!

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