dimanche 22 mai 2016

21 mai Fort Mandan et Knife River (North Dakota)

Nous effectuons notre première visite ce matin à Fort Mandan, au nord de Stanton. La reconstitution du fort n’est pas située à l’emplacement exact où il fut construit par les hommes de l’Expédition, mais elle est conforme aux plans tels que décrit par Lewis. En attendant l’arrivée du guide, nous nous promenons dans l’aire réservée aux enfants et jasons avec deux garçons de Winnipeg en voyage pour une semaine.  Jeune veut dire courtes vacances et vieux longues vacances. 

Photo de Seaman pour Maya, Camille et Chloé

Le menu à Fort Mandan: Beans, courge et wapiti
 Charles, notre guide, nous conduit au fort dont il garde précieusement les clés.  Est-ce qu’il a peur que les indiens viennent chaparder leurs précieux biens ? 45 soldats et 5 civils habitaient dans ce fort au cours de l’hiver 1804-1805 et il paraît qu’il faisait un record de froid. 

En entrant dans Fort Mandan
Nous visitons les quartiers des soldats, des sergents, de Charbonneau, Sacagawea et leur fils Jean-Baptiste,  des capitaines Lewis et Clark, les pièces servant à entreposer leurs réserves et outils ainsi que la forgerie. Il ne manque que les rires des soldats et la senteur. 

Le lit de Lewis
Le bureau de Lewis et son journal
Serge en capitaine Lewis
Les haches de guerre pour les indiens fabriquées par soldat Shields

Lors de leur voyage de retour, Lewis et Clark ont noté dans leurs journaux que Fort Mandan avait été emporté en partie par la rivière et que l’autre section avait brûlé.

En route pour le site historique de Knife River, Serge se fait arrêter par la police pour avoir conduit à 57 km/heure dans une zone de 45 km/heure. Est-ce dû à son grand âge (70 ans) et son coco tout gris, le gentil policier lui a donné seulement un avertissement, Ouf!

Nous effectuons notre dernière visite de la journée aux village indiens de Knife River. Le long d’un sentier de 3 kilomètres aller-retour se trouvent les emplacements des trois villages hidatasas que Lewis et Clark ont visités durant l’hiver 1804-1805.  Sakagawea et Charbonneau habitaient dans l’un d’eux avant la venue de Lewis et Clark. Il faut imaginer les villages car il n’y que des affiches explicatives qui racontent l’histoire des trois villages.  Heureusement, au début du sentier, nous pouvons visiter une immense maison de terre bien aménagée.  15 à 20 personnes vivaient dans ce type d’hutte. 

Knife River

Hutte des Hidatsas
Lits confortables à l'intérieur de la hutte
Le chef Mandan, Big White, que Lewis et Clark ont rencontré et tellement estimé, a une histoire hors de l’ordinaire.  Sheheke (Big White) est né aux environs de 1766. A l’âge de 15 ans, son univers bascula quand la plupart des personnes qu’il connaissait moururent en l’espace de quelques mois au cours de l’épidémie de petite vérole de 1781. Avec les quelques survivants, il partit vers le nord et fut choisi comme chef du nouveau village, Mitutanka, près de la rivière Knife. Il fut choisi pour sa générosité, sa compassion envers les moins fortunés et pour son respect des traditions de son peuple. En 1797, il rencontra David Thompson, un géographe canadien, qui rédigeait des cartes et était intéressé à connaître les peuples et les terres de l’ouest.  Quand arriva Lewis et Clark 7 ans plus tard, Sheheke était heureux de rencontrer d’autres blancs ayant les mêmes intérêts et accepta de grand cœur de les aider à passer l’hiver.  Il eut ses paroles généreuses, « Si nous mangeons, vous mangerez, si nous mourons de faim, vous mourez de faim aussi.  Sheheke avait une seule femme, Yellow Corn. Avec sa femme et son fils de deux ans, Sheheke voyagea jusqu’à Washington et rencontra Thomas Jefferson. Le fils de Sheheke et Yellow Corn, White Painted Face, et leur petit-fils,Tabacco, survécurent à l’épidémie de petite vérole de 1837 et plusieurs familles Mandans ont pour ancêtres Sheheke et Yellow Corn.  Je rapporte dans mes bagages le livre sur la vie de Sheheke.

Ce soir nous campons au camping Juniper du Theodore Roosevelt National Park.  C’est un camping sans électricité, comme la plupart des parcs nationaux, plein de verdure et avec de nombreux sentiers de marche. Il vente à écorner les bœufs et ce soir nous dormons le toit baissé pour assourdir le bruit du vent et nous sentir plus en sécurité. 

A Theodore Roosevelt National Park
L’hiver à Fort Mandan, 21 décembre 1804 au 21 mars 1805
Les indiens pouvaient supporter plus facilement le froid.  A plusieurs occasions, les Américains rencontrèrent des indiens qui avaient passé la nuit dans la plaine, sans feu, de minces mocassins dans les pieds, des pantalons et une chemise en peau d’antilope comme vêtements et avec seulement une peau de bison pour les couvrir. La rivière était suffisamment gelée pour qu’un troupeau de bisons puisse la traverser dans briser la glace. 

Pendant ce temps, les capitaines gardaient les hommes occupés parce qu’il y avait beaucoup de travail à faire et aussi parce que les officiers savaient qu’un soldat oisif est un soldat qui s’ennuie et risque de causer de sérieux problèmes.  A la mi-février, un groupe de 105 Sioux attaquèrent Clark et quelques hommes partis à la chasse pour les voler. Ceux-ci ne se laissèrent pas intimider et les combattirent avec détermination, perdant seulement deux traîneaux et deux couteaux.  Les relations avec les Mandans étaient différentes.  Les chefs et les capitaines, les guerriers et les hommes de l’expédition allaient chasser ensemble, faisaient du commerce, plaisantaient et discutaient du mieux qu’ils pouvaient à travers la barrière des langues.  Les Mandans et les Hidatsas connaissaient la région à l’ouest et étaient heureux de partager leurs connaissances avec les capitaines. 

Le 1er janvier 1805, Clark et la moitié des hommes allèrent au village Mandan en bas de la rivière, à la demande du chef, pour danser au son des tambourines et du violon du soldat Cruzatte.   Le jour suivant, ce fut le tour de Lewis et son équipe de se rendre à l’autre village Mandan pour danser avec les indiens.

Durant l’hiver, Lewis exerça à plusieurs occasions ses connaissances médicales. Son expérience la plus inhabituelle fut  lorsqu’il aida Sacagawea, la femme de Charbonneau, à donner naissance à son premier enfant le 11 février. Ses douleurs étaient intenses et duraient depuis plusieurs heures.  La coutume indienne était de lui administrer une portion de queue de serpent. Lewis en brisa une en morceaux qu’il mélangea à un peu d’eau.  Dix minutes après en avoir bu, Sacagawea donna naissance à un garçon en pleine santé; il fut nommé « Jean-Bapiste Charbonneau ».  La famille avait sa propre hutte dans le fort Mandan et les cris du bébé affamé résonnèrent dans tout le fort, causant le mal du pays aux hommes, en leur rappelant leurs propres familles. Dans une longue lettre à sa mère, écrite à cette période, Lewis consacre une grande partie à parler de ses frères et sœurs.  

Le 4 février, Lewis écrit dans son journal que l’expédition était sur le point de manquer de viande mais qu’ils avaient suffisamment de maïs, grâce à un soufflet de forge. Le soldat Shields était un habile forgeron et faisait affaires avec les indiens  pour réparer les fers des chevaux, aiguiser les haches en échange de maïs.  Shields avait besoin de nouvelles idées pour attirer les indiens.  Il existait une forme particulière d’haches de guerre que les indiens affectionnaient et Shields était capable de les fabriquer.  Il utilisa la tôle d’un vieux poêle hors d’usage,  pendant que les hommes coupaient du bois pour fabriquer les manches pour accélérer la production. Encore là les Américains n’arrivaient pas à produire les haches de guerre assez rapidement.  Les indiens étaient d’habiles négociants. Après  quelques argumentations, le prix fut fixé à 7 à 8 gallons de maïs pour chaque outil, satisfaisant les deux parties. 

Quelques jours plus tard, Lewis reçut la visite de Black Cat, le chef du village Mandan en haut. La femme de Black Cat donna à Lewis deux paires de magnifiques mocassins.  Il lui donna un miroir et une couple d’aiguilles.  Black Cat resta à souper aux quartiers des capitaines. Ce soir-là, Lewis écrivit dans son journal, « cet homme possède plus d’intégrité, d’intelligence et de perspicacité que tous les indiens que j’ai rencontrés à ce jour. »

Et que faisait le président Jefferson pendant ce temps ?  Que savait-il de l’expédition ?  Très peu. Après que l’expédition ait quitté St. Charles, il n’avait reçu aucun message.  Les chefs Osages pour lesquels Lewis avait organisé un voyage accompagné à Washington arrivèrent en juillet 1804 et rencontrèrent le président.  Jefferson fut heureux d’avoir enfin quelques nouvelles de Lewis et de l’expédition.

Le premier jour du printemps il a plu, la première pluie depuis l’automne.  La glace sur la rivière commença à craquer.  Les indiens mirent le feu à l’herbe sèche pour encourager la nouvelle herbe à pousser, pour le bénéfice des chevaux et pour attirer les bisons. La joie du printemps était partout et doublement bienvenue par les hommes de l’expédition qui avaient survécu à l’hiver le plus froid de leur existence.  Ils travaillaient avec enthousiasme, impatients de repartir sur l’eau. Des équipes d’hommes réparaient le bateau, tandis que d’autres construisaient des canots, empaquetaient, fabriquaient des mocassins, préparaient des morceaux de viande séchée et tout cela en chantant.

Pendant que les hommes s’affairaient à leur travail, les capitaines écrivaient leurs rapports pour Jefferson.  Il y avait tant de choses à écrire que Clark se plaignait qu’il n’avait pas le temps d’écrire à sa famille.  Une des responsabilités de Lewis était de faire des recommandations à Jefferson sur comment éloigner les Anglais de la rivière Missouri afin que les Américains puissent prendre possession de la traite des fourrures.  « Je suis convaincu qu’aussi longtemps que des mesures ne seront pas prises par notre gouvernement pour défendre tout trafic entre les Sioux et les compagnies Anglaises faisant le commerce des fourrures, les citoyens Américains ne pourront pas jouir des avantages importants que la navigation sur le Missouri présente. » Il recommanda que des garnisons soient établies aux endroits  où les soldats pourraient empêcher les Anglais de venir du Canada par le Dakota et par aujourd’hui le Minnesota. « Si le commerce entre les Sioux et les Anglais est interdit pendant plusieurs années, les Sioux vont être amenés à dépendre du gouvernement américain pour leur approvisionnement et cela sans effusion de sang. »  Connaissant ce qui est arrivé aux Sioux au cours des 71 années suivantes, on peut dire que c’était une prédiction désespérément optimiste.


Le 5 avril, le bateau, les deux pirogues et les six nouveaux canots étaient mis à l’eau et, le jour suivant, les hommes les remplirent d’équipements et de marchandises. Le 7 avril, le bateau repartit vers l’est pour St. Louis avec à son bord le caporal Warfington, 4 soldats, 4 voyageurs français et Gravelines comme interprète,  tandis que les pirogues et les canots partirent vers l’ouest avec l’équipage permanent.  

3 commentaires:

  1. Pas drôles ces épidémies...
    Belle reconstitution de fort et de hutte!

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    1. Les épidémies furent la cause principale de l'extermination de certaines tribus indiennes. J'ai lu qu'à un certain moment le vaccin était disponible mais que les blancs prirent trop de temps à l'administrer aux indiens.

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  2. Maya dit: AHHH doggie ! :)

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