Nous partons tôt ce matin
(8h00). Trudell doit encore dormir dans sa tente et, je pense qu’il ne sera pas
au travail à 9h00 ce matin. A 11h30 hier
soir, il est venu cogner à notre porte.
Il voulait emprunter notre téléphone pour appeler un taxi. Il était ivre
et incohérent. Il avait de la difficulté à signaler le numéro et répétait
continuellement « I’m sorry … ». Nous avons compris qu’il avait un
problème de boisson, ce qui explique qu’à 50 ans, après 6 ans dans l’armée, il
végète de ville en ville et d’emploi à emploi.
Nous prenons la direction
nord par la route 83 et pendant 350 kilomètres, tout ce que nous voyons c’est
d’immenses plaines de cultures et quelques rares vaches. Nous arrivons à Fort Abraham Lincoln State
Park, à Mandan, à 12h30. C’est vendredi,
donc le début de la fin de semaine et le camping est très occupé. Les pick-ups et fifth-wheels arrivent un
après l’autre. Comme nous restons une seule nuit, nous avons la chance d’obtenir
un beau site près de la rivière.
On peut camper dans des tipis à Fort Abraham Lincoln State Park |
En 1876, Fort Abraham Lincoln
était sous le commandement du Lieutenant-Colonel Custer, C’est d’ici que le 17
mai, les troupes de la 7e cavalerie marchèrent vers l’ouest jusqu’à
la rivière Little Big Horn. Le 25 juin, Custer et une partie des soldats furent
tués lors d’une bataille avec les indiens.
Du fort, il ne reste que quelques baraques reconstituées qu’occupaient
les soldats, et la réplique de la maison du L-C Custer et son épouse. En après-midi, nous nous rendons la visiter
en compagnie d’un guide qui personnifie un soldat de l’époque. La vie était
peut-être ennuyante pour Madame Custer, mais elle avait la chance d’avoir une
belle demeure et des serviteurs à son service.
Soldat Trandess à Fort Abraham Lincoln |
La maison du Lieutenant-Colonel Custer |
Les Custer étaient musiciens |
Un mini-bain en 1735 |
Une autre attraction
intéressante au Fort Abraham Lincoln est la reconstitution du « Slant
Indian Village ». Ce village fut occupé par les indiens Mandans entre 1650
et 1750 et était constitué de 75 maisons construites sous des buttes de terre. Les Mandans étaient des jardiniers. Les femmes
faisaient pousser du maïs, des fèves, des courges et des tournesols ce qui
permettait à la tribu de survivre aux rudes hivers. Ils pratiquaient la
polygamie car il y avait deux fois plus de femmes que d’hommes en raison du
danger d’être chasseurs. A l’automne
1804, quand Lewis et Clark arrivèrent à l’emplacement du village, il était en
ruine, ses habitants ayant succombé à une épidémie de petite vérole.
Maison des Madans au village O-Slant |
L'intérieur d'une maison sous terre |
Mandans, automne 1804
S’il fut un temps où l’expédition de Lewis et Clark ressembla
à une gang de gars partis pour un long voyage de camping, ce fut dans la
première moitié d’octobre 1804. L’automne sur la rivière Missouri dans les
Dakotas était un vrai délice. Les grands mammifères des plaines étaient
regroupés en troupeaux et les voir traverser la rivière tous ensemble était une
des plus belles scènes de la nature. Pour
Lewis, c’était un temps magique. Il
passait la majorité de son temps à explorer et marcher le long de la rive,
retournant au bateau à la noirceur. Il
était un grand marcheur, avec de longues jambes, capable de couvrir 30 milles (48
km) par jour sur les plaines.
En passant par la partie nord du Dakota sud, l’expédition
rencontra plusieurs villages abandonnés. Ceux-ci avaient déjà été habités par
la puissante tribu des Arikaras. Des 30,000 indiens qui y vivaient, la tribu
avait été réduite à pas plus d’un tiers dans les années 1780 par une épidémie
de variole. Une autre épidémie survenue en 1803-1804 décima encore la tribu. Où
il y avait 18 villages l’année précédente, il n’en restait que trois au moment
où Lewis y arriva.
Le 8 octobre, le bateau passa une île près de l’embouchure
de Grand River, lieu des trois villages Arikaras. L’île était un grand jardin
où poussaient du maïs, des fèves et des courges. Lewis reçut un accueil
chaleureux de la part des Arikaras. Il y
rencontra Joseph Gravelines, un commerçant de fourrures, qui vivait avec eux
depuis trente ans et qui fut pour lui une source inestimable d’information sur
la région du Haut-Missouri, en plus d’être un excellent interprète avec les
Arikaras. Le 10 octobre, les chefs et quelques guerriers vinrent rencontrer
Lewis et Clark à leur camp. Après avoir fumé et échangé des présents, Lewis
leur fit son discours habituel. Lorsqu’il eut terminé, les capitaines leur remirent le ballot numéro
15 qui avait été préparé pour eux il y a
quelques mois à Wood River. C’est à se demander pourquoi ils n’avaient pas été
aussi généreux avec les Sioux. Les
capitaines offrirent du whisky aux Arikaras, mais non seulement ceux-ci
refusèrent, ils embarrassèrent Lewis et Clark en leur faisant remarquer qu’ils
étaient surpris que leur grand chef leur offre de la boisson qui les faisait
agir comme des fous.
Dans l’après-midi, les hommes visitèrent les villages. York,
l’esclave noir de Clark, fit sensation. Sa taille était impressionnante. Les
Arikaras n’avaient jamais vu un homme noir et ne pouvaient pas décider si
c’était un homme, une bête ou un être spirituel. Pendant ce temps, les soldats
profitaient des faveurs des femmes Arikaras, souvent encouragées par leurs
maris qui croyaient qu’ils pourraient acquérir de la puissance des blancs
transmises à eux par leurs femmes. Ce
que les Arikaras ont attrapé de leur hospitalité envers les commerçants blancs
venus précédemment, ce sont des maladies
vénériennes, qui étaient endémiques dans le village, et les ont transmises aux
hommes de l’expédition.
Le jour suivant les chefs Arikaras firent connaître leur
réponse aux propositions de Lewis. Ils
dirent qu’ils étaient heureux d’avoir un nouveau grand chef et que la route
était ouverte à l’expédition pour toujours. Ils demandèrent aux capitaines de
faire la paix entre leur peuple et les Mandans. L’un d’eux accepta de monter à
bord du bateau et de faire le voyage jusqu’aux villages Mandans pour parler au
conseil de bande avec le support de la délégation des Américains.
Le 24 octobre, l’expédition était rendue au nord de la ville
actuelle de Bismarck et approchait des villages Mandans qui étaient le centre
du commerce des Plaines du Nord, attirant les indiens des régions les plus éloignées. Nulle part ailleurs on
pouvait voir d’un simple coup d’œil la diversité et le style de vie coloré des
indiens des Plaines. On pouvait y acheter ou vendre des chevaux et des mules
espagnols, des vêtements de cuir Cheyenne de grande qualité, des fusils Anglais, de la viande, des produits de toutes sortes,
des fourrures, des peaux de bison, des couvertures et des instruments de
musique. C’était une période de festivités dans les cinq villages.
Il y avait deux villages Mandans. Celui au bas de la rivière
était dirigé par le chef Big White et celui au haut de la rivière par le chef
Black Cat. Sur la rivière Knife, il y
avait trois villages Hidatsas. Le jour même les capitaines rencontrèrent le chef
Big White accompagné de 25 chasseurs.
Avec Gravelines à ses côtés, Lewis introduisit Big White au chef Arikara
avec beaucoup de cordialité et de cérémonie. Ils se rendirent tous ensemble au
village. La paix semblait possible entre
les Arikaras et les Mandans. C’était un
bon début pour les capitaines avec les indiens qui seraient leurs voisins tout
l’hiver. Malgré cela, ils restaient prudents. Il y avait 4000 indiens dans les
cinq villages et parmi eux 1300 guerriers. Heureusement les Mandans demeuraient
amicaux.
Au matin du 31 octobre, le chef Black Cat invita Clark à son
campement pour entendre ce qu’il avait à dire. Black Cat répondit à Clark que
son cœur serait rempli de joie s’il pouvait y avoir une paix entre les Arikaras
et les Mandans et que les hommes Mandans puissent chasser sans peur et que les
femmes Mandans travaillent dans les
champs sans toujours surveiller des ennemis potentiels.
Les quartiers des capitaines étaient au Fort Mandan lequel
était situé sur la rive nord du Missouri, directement en face du village Mandan
plus bas. La construction avait commencé
le 3 novembre et consistait en deux rangées de huttes avec une palissade du
côté de la rivière, une porte et un poste de sentinelle.
Le 4 novembre, un canadien-français du nom de Toussaint
Charbonneau vint les visiter pour offrir ses services comme interprète. Il
vivait parmi les Hidatsas et était un commerçant indépendant. Ses deux squaws (ou
femmes) étaient Shoshones une tribu qui vivait dans les Montagnes Rocheuses à
la source du Missouri. Quatre ans plus tôt un groupe de guerriers Hidatsas avait
capturé ces deux jeunes adolescentes. Charbonneau les avait gagnées lors d’un
pari avec les guerriers. Avec
enthousiasme, les capitaines acceptèrent l’offre de Charbonneau, pas tellement
pour l’intérêt qu’il présentait mais parce que ses femmes parlaient la langue
des tribus des montagnes. En raison des
difficultés qu’ils avaient connues avec les Sioux, ils savaient combien il
était difficile de communiquer avec les indiens sans un interprète. Ils signèrent immédiatement un contrat avec
Charbonneau et une de ses femmes pour continuer le voyage avec eux. Charbonneau
choisit Sacagawea qui avait 15 ans et était enceinte de 6 mois.
Pour qui aime l'histoire, c'est un parcours très intéressant que vous suivez.
RépondreEffacerJ'aime tes textes. Ils me rappellent notre voyage en ces lieux. ta soeur Louise
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