vendredi 20 mai 2016

19 mai – Charberlain et Pierre (South Dakota)



Aujourd’hui, jeudi, nous partons de Yankton par la route 81 en direction nord pour Chamberlain. Nous nous éloignons de la rivière Missouri qui continue son cours vers le nord-ouest.  Nous sommes encore dans les grandes plaines et si nous étions au Canada, nous serions au Manitoba.

Chamberland est une petite ville dont l’attrait principal est le musée Akta-Lakota. Ce musée est situé dans l’école indienne St. Joseph qui accueille des enfants indiens Lakota depuis près d’un siècle. 

À l'entrée du musée Akta-Lakota
 Le musée fait revivre la culture de ce peuple qui, avant l’arrivée des blancs, était centrée sur les bisons. Les hommes les chassaient et ensuite les femmes  les dépeçaient, chargeaient la viande sur leurs chevaux et travois et les ramenaient au village. Toutes les parties du bison avaient son usage. La viande qui n’était pas consommée immédiatement était séchée. Les femmes fixaient les peaux au sol et les nettoyaient. Elles servaient à recouvrir les tipis, à fabriquer des vêtements et la literie. 

Le tannage des peaux de bison

De leur côté, les guerriers développaient un lien très fort avec leur meilleur cheval. Cette relation faisait la différence entre une chasse fructueuse et la vie ou la mort lors d’une bataille.  

Un guerrier Lakota
 Après la venue de Lewis et Clark en 1804, vinrent les marchands de fourrures, les explorateurs, les missionnaires, l’armée et les colons, causant de grands changements dans les plaines et apportant un lot de maladies qui décimèrent la moitié de la population. En 80 ans les grands troupeaux de bisons avaient disparu. 
 
Le roi des lieux, le bison
 Après dîner, nous continuons notre route vers l’ouest jusqu’à la ville de Pierre. Cette ville a un lien avec nous canadien-français, car Louis de la Vérendrye, ce nom ne dira rien aux plus jeunes d’entre vous,  y grava une plaque le 30 mars 1743, et y inscrivit qu’il prenait possession de cette terre au nom Louis XV, Roi de France. En 1742, les deux frères La Vérendrye avaient été envoyés par leur père à la recherche de la route vers la Chine. Pendant 14 mois, Louis et François voyagèrent à pied, à dos de cheval et en canot à la recherche de cette route, campant avec les indiens.  Ils ne trouvèrent pas cette route, mais furent les premiers blancs à voir les grandes plaines du Dakota.

Par un heureux hasard, un groupe d’adolescents de Pierre découvrit cette plaque le 16 février 1913. Elle est maintenant exposée au « Cultural Heritage Center » que nous visitons aujourd’hui.  Ce musée raconte l’histoire des peuples qui ont vécu dans le Dakota au cours des siècles derniers jusqu’à aujourd’hui.  Une grande place est accordée aux premiers habitants, le peuple autochtone, et encore une fois leur histoire est bien triste. 

Les premières maisons des colons, faites de terre séchée

Ce soir, nous campons au Griffin Park Campground, qui est plutôt un stationnement pour VR avec électricité, au bas coût de $16 la nuitée. Heureusement nous ne sommes pas nombreux et les voisins sont éloignés. La vue est cependant magnifique sur la rivière Missouri. Nous rencontrons Trudell Ironrope, un indien Lakota, dont le grand-père était canadien-français, qui campe en face de nous. Trudell vient nous rejoindre après souper et en a long à raconter sur le sort des indiens d’Amérique.  Il tient un discours plein d’amertume et n’a pas de bons mots pour les blancs.  Pourtant Serge fait son possible en lui offrant une bière et du chocolat, et moi du gâteau aux bananes.  Disons que maintenant, les seuls blancs qui auront grâce à ses yeux sont les canadiens. 


Vous voulez savoir ce que Trudell pense de Donald Trump? Selon lui, s’il devient président, il ne vivra pas longtemps car ils (les américains) vont le tuer. Il paraît que les pauvres ne l’aiment pas, enfin ils n’aiment pas les milliardaires.

Pendant ce temps, que se passe-t-il en 1804 ?

La rencontre avec les Sioux, septembre 1804
Au cours des deux premières semaines de septembre, l’expédition entra graduellement dans la région des Hautes Plaines. La faune devint de plus en plus abondante. Il y avait des troupeaux de wapitis dans tous les taillis près des berges de la rivière.  Les cerfs étaient aussi nombreux que les oiseaux. Au cours de la troisième semaine, les capitaines envoyèrent à nouveau le soldat Colter à la recherche de Shannon.  Deux jours plus tard, des traces le long de la berge indiquaient que Shannon avait perdu un cheval. Faire avancer le bateau et les pirogues à contre-courant demandait un effort considérable pour chaque homme, par conséquence, ils mangeaient prodigieusement.  Chacun mangeait neuf livres de viande par jour et tout ce que la région pouvait leur offrir de fruits. Malgré cela, ils avaient toujours faim.

Le 8 septembre, Lewis alla à la chasse et tua son premier bison.  Tous ensemble, les chasseurs rapportèrent ce soir-là 2 bisons, 1 gros wapiti, 1 jeune wapiti, 3 cerfs, 3 dindons sauvages et 1 écureuil. Le jour suivant, les capitaines furent étonnés de voir un troupeau de 500 bisons broutant près de la rivière. 

Troupeau de bisons au temps de Lewis et Clark
Le 11 septembre, comme le bateau passait un coude de la rivière, le rameur en avant aperçut Shannon assis sur la berge. Le bateau s’approcha et Shannon monta à bord. Il était extrêmement faible, presque mort de faim. Après avoir mangé un peu de viande séchée, il raconta son histoire.  Il était certain que le bateau était en avance sur lui. Il a donc essayé de le rattraper pendant 16 jours.  Les 12 derniers jours, il n’avait plus de balles pour son fusil et avait dû se nourrir de raisins et de prunes.  Réalisant qu’il était trop faible pour rattraper le bateau, il décida de s’asseoir sur la berge dans l’espoir qu’un canot de commerçants venant des villages Mandans passe par là pour se rendre à St. Louis.

En raison des vents du sud en ce début d’automne, l’expédition avançait rapidement, faisant jusqu’à 35 milles en une journée. Le 23 septembre, ils campèrent dans un bosquet de peupliers.  Comme ils installaient leurs tentes, trois jeunes Sioux Tetons arrivèrent à la nage. Avec l’aide de Drouillard qui communiquait avec eux par le langage des signes,  ils apprirent qu’un groupe de huit huttes campaient à l’embouchure de la rivière suivante et six autres à une courte distance de là. Les capitaines leur dirent d’informer leurs chefs qu’ils viendraient le lendemain pour un conseil de bande.  Au matin, l’expédition passa l’île où Colter, avec le dernier cheval appartenant à l’expédition, avait campé durant la nuit et tué quatre wapitis. Comme les hommes chargeaient la viande sur le bateau, Colter accourut sur la berge en criant que les indiens avaient volé son cheval.  Peu de temps après, les capitaines virent cinq indiens.  Ils amarrèrent le bateau et allèrent leur parler. D’un ton sévère, ils leur dirent qu’ils ne parleraient à aucun Teton aussi longtemps que le cheval ne leur serait pas rendu.

L’expédition arriva à l’embouchure de la rivière suivante, sur l’actuel site de la ville Pierre au South Dakota, en fin d’après-midi.  Par précaution, ils ancrèrent le bateau et les capitaines mirent l’équipage en état d’alerte avec un tiers des hommes à terre sur leurs gardes et les autres campant à bord du bateau et des pirogues.  Au matin, les capitaines levèrent le drapeau et se préparèrent pour le conseil, en prenant la précaution de laisser la majorité des hommes à bord du bateau. A 11h00, trois chefs et un grand nombre de guerriers arrivèrent, apportant une grande quantité de viande de bison en cadeau. Les capitaines leur offrirent de la viande de porc.  Ensuite ce fut le temps de la discussion. A leur consternation, les capitaines découvrirent rapidement que Cruzatte ne parlait pas le langage des Tetons à l’exception de quelques mots et que Drouillard ne pouvait pas communiquer par le langage des signes les propositions relativement complexes du discours de Lewis. Coupant court à son discours, il commença son spectacle avec la parade des soldats, son fusil à air et le reste. Finalement il donna des médailles et des cadeaux aux chefs.  De plus, il donna au chef Black Buffalo un manteau militaire rouge et un chapeau bicorne. « C’est tout? » demandèrent les Tetons, incrédules. « Quelques médailles et un chapeau ridicule? »

Sentant le mécontentement des chefs, surtout Partisan et Buffalo Medicine, les capitaines les invitèrent à monter à bord du bateau et leur offrirent un verre de whisky. Bientôt les chefs avaient vidé la bouteille et commencèrent à causer du trouble. Avec l’aide de sept hommes, Clark força les chefs à retourner à terre. Les chefs résistèrent et durent être mis dans le canot par la force. Quand le canot arriva à la berge, trois guerriers saisirent le devant du canot. Partisan insulta l’équipage et déclara n’avoir pas reçu suffisamment de cadeaux.  Il demanda un canot plein de cadeaux avant de permettre à l’expédition de continuer leur voyage.  C’était plus que Clark ne pouvait supporter. Sur le bateau, Lewis sortit son épée et ordonna à ses hommes de charger leurs armes et de se préparer à l’action. Le canon pivotant fut chargé de 16 balles de mousquet.  C’était un moment dramatique. Si Lewis avait crié « Fire! » et allumé la mèche du canon, toute l’histoire de l’Amérique du Nord aurait été changée.

Heureusement, Black Buffalo, un des chefs Tetons, s’avança pour arrêter l’hostilité. Il ordonna aux guerriers qui retenaient le canot de retourner à terre. Cependant les indiens gardaient leurs arcs tendus.  Lewis resta sur ses gardes, prêt à faire feu. Le désastre avait été évité mais la crise continuait.  De son côté, Clark qui était à terre, fit quelques menaces à Black Buffalo et lui dit que l’expédition allait continuer son chemin et que ses hommes n’étaient pas des « squaws » mais des guerriers.  Clark et ses hommes rejoignirent le bateau et l’expédition poursuivit sa route. La première rencontre avec les Sioux et les Américains fut un échec. Lewis et Clark n’ont pas réussi à faire bonne impression auprès des Sioux comme Jefferson leur avait ordonné. Au moins, aucun coup de feu ne fut tiré et aucune flèche lancée.

Le matin suivant, des centaines d’indiens curieux et anxieux les regardaient passer alignés sur les berges. A la demande de Black Buffalo, l’expédition jeta l’ancre près de son village. Les capitaines invitèrent hommes, femmes et enfants à monter à bord. Black Buffalo invita Lewis à visiter son village. Le village était un village classique de nomades avec une centaine de tepees et une population d’environ 900 indiens.  Ils étaient la Bande Brulé des Tetons et étaient d’excellente humeur, ayant gagné une grande bataille contre les Omahas deux semaines auparavant.  Ils avaient tué un grand nombre de guerriers Omahas et fait prisonniers 48 femmes et enfants.  Au cours de l’après-midi, Clark et tout l’équipage vinrent au village.  Au crépuscule, Clark et Lewis furent conduits à la grande tente du conseil au milieu du village. Après avoir fumé le calumet de paix, Black Buffalo parla avec solennité de son peuple et Clark répondit qu’il devait faire la paix avec les Omahas et, en geste de bonne volonté, libérer leurs prisonniers.  Black Buffalo se demandait sûrement pourquoi il devrait renoncer à des prisonniers de valeur seulement pour plaire à l’homme blanc. Néanmoins, les danseurs s’apprêtèrent à tenir la danse du scalp accompagnés des tambours et des chants des musiciens.  La danse se termina vers minuit. Black Buffalo offrit aux capitaines de jeunes femmes comme partenaires de lit, mais les capitaines refusèrent, trouvant cette coutume étrange.  Le soir suivant, il y eut une autre danse du scalp qui se termina vers 11h00, les capitaines à peine capables de rester éveillés. 

Le lendemain matin, l’expédition se prépara à repartir.  A ce moment, les Tetons arrivèrent sur la berge en grand nombre et armés.  Black Buffalo monta à bord du bateau et au même moment plusieurs guerriers attrapèrent la corde du bateau. Devant la vive réaction de Clark, Black Buffalo répondit que les guerriers voulaient seulement du tabac et qu’alors l’expédition pourrait continuer.  Ils ne demandaient pas tellement, c’était plutôt à titre de symbole car c’était l’usage que les Sioux réclament un paiement de l’homme blanc pour utiliser la rivière. Les capitaines jugèrent le prix trop élevé et perdirent patience. La confrontation continua. Black Buffalo fit preuve de sarcasme et s’indigna de voir les hommes blancs faire tant d’éclat pour une carotte de tabac. Peut-être piqué dans son orgueil, Lewis jeta pompeusement quelques carottes de tabac aux guerriers qui retenaient la corde du bateau. Après cela, le bateau pu repartir. La confrontation avec les Tetons était terminée.

C’était la fin de septembre et les soirées étaient froides. Les oies avaient commencé leur migration vers le sud, signe que l’automne était là. C’était le temps de se rendre le plus au nord et le plus à l’ouest possible avant que l’hiver s’installe.

5 commentaires:

  1. Vraiment pas drôle le sort qui a été réservé aux autochtones ainsi qu'aux bisons!
    Pierrôt a un avis similaire à celui de M. Trudell!

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  2. Au sujet de Trump, quelqu'un d'autre m'a partagé cette théorie aussi. On verra bien ce qui arrivera. Mona

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  3. Pour régler le problème, Hillary devrait gagner.

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    1. Il paraît que le problème est qu'une grosse part d'américains ne sont pas prêts à voter pour une femme. Présentement, s'ils ont le choix entre un clown et une femme, ils vont préférer le clown!!! Par contre si Saunders était élu chez les démocrates, là, le parti démocrate aurait de grosses chances de l'emporter. On verra bien...

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  4. nous étions à Ottawa la semaine dernière et depuis notre retour, nous profitons du beau temps pour travailler dehors. J'ai toujours plaisir à te lire. ta soeur Louise

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