Aujourd’hui, jeudi, nous
partons de Yankton par la route 81 en direction nord pour Chamberlain. Nous
nous éloignons de la rivière Missouri qui continue son cours vers le
nord-ouest. Nous sommes encore dans les
grandes plaines et si nous étions au Canada, nous serions au Manitoba.
Chamberland est une petite
ville dont l’attrait principal est le musée Akta-Lakota. Ce musée est situé
dans l’école indienne St. Joseph qui accueille des enfants indiens Lakota
depuis près d’un siècle.
À l'entrée du musée Akta-Lakota |
Le musée fait revivre la
culture de ce peuple qui, avant l’arrivée des blancs, était centrée sur les bisons.
Les hommes les chassaient et ensuite les femmes
les dépeçaient, chargeaient la viande sur leurs chevaux et travois et
les ramenaient au village. Toutes les parties du bison avaient son usage. La
viande qui n’était pas consommée immédiatement était séchée. Les femmes fixaient
les peaux au sol et les nettoyaient. Elles servaient à recouvrir les tipis, à
fabriquer des vêtements et la literie.
Le tannage des peaux de bison |
De leur côté, les guerriers
développaient un lien très fort avec leur meilleur cheval. Cette relation
faisait la différence entre une chasse fructueuse et la vie ou la mort lors
d’une bataille.
Un guerrier Lakota |
Après la venue de Lewis et
Clark en 1804, vinrent les marchands de fourrures, les explorateurs, les
missionnaires, l’armée et les colons, causant de grands changements dans les
plaines et apportant un lot de maladies qui décimèrent la moitié de la
population. En 80 ans les grands troupeaux de bisons avaient disparu.
Le roi des lieux, le bison |
Après dîner, nous continuons
notre route vers l’ouest jusqu’à la ville de Pierre. Cette ville a un lien avec
nous canadien-français, car Louis de la Vérendrye, ce nom ne dira rien aux plus
jeunes d’entre vous, y grava une plaque le
30 mars 1743, et y inscrivit qu’il prenait possession de cette terre au nom Louis
XV, Roi de France. En 1742, les deux frères La Vérendrye avaient été envoyés
par leur père à la recherche de la route vers la Chine. Pendant 14 mois, Louis
et François voyagèrent à pied, à dos de cheval et en canot à la recherche de
cette route, campant avec les indiens.
Ils ne trouvèrent pas cette route, mais furent les premiers blancs à
voir les grandes plaines du Dakota.
Par un heureux hasard, un
groupe d’adolescents de Pierre découvrit cette plaque le 16 février 1913. Elle
est maintenant exposée au « Cultural Heritage Center » que nous
visitons aujourd’hui. Ce musée raconte
l’histoire des peuples qui ont vécu dans le Dakota au cours des siècles
derniers jusqu’à aujourd’hui. Une grande
place est accordée aux premiers habitants, le peuple autochtone, et encore une
fois leur histoire est bien triste.
Les premières maisons des colons, faites de terre séchée |
Ce soir, nous campons au
Griffin Park Campground, qui est plutôt un stationnement pour VR avec
électricité, au bas coût de $16 la nuitée. Heureusement nous ne sommes pas
nombreux et les voisins sont éloignés. La vue est cependant magnifique sur la
rivière Missouri. Nous rencontrons Trudell Ironrope, un indien Lakota, dont le
grand-père était canadien-français, qui campe en face de nous. Trudell vient
nous rejoindre après souper et en a long à raconter sur le sort des indiens
d’Amérique. Il tient un discours plein
d’amertume et n’a pas de bons mots pour les blancs. Pourtant Serge fait son possible en lui
offrant une bière et du chocolat, et moi du gâteau aux bananes. Disons que maintenant, les seuls blancs qui
auront grâce à ses yeux sont les canadiens.
Vous voulez savoir ce que
Trudell pense de Donald Trump? Selon lui, s’il devient président, il ne vivra
pas longtemps car ils (les américains) vont le tuer. Il paraît que les pauvres
ne l’aiment pas, enfin ils n’aiment pas les milliardaires.
Pendant ce temps, que se
passe-t-il en 1804 ?
La rencontre avec les
Sioux, septembre 1804
Au cours des deux premières semaines de septembre,
l’expédition entra graduellement dans la région des Hautes Plaines. La faune
devint de plus en plus abondante. Il y avait des troupeaux de wapitis dans tous
les taillis près des berges de la rivière.
Les cerfs étaient aussi nombreux que les oiseaux. Au cours de la
troisième semaine, les capitaines envoyèrent à nouveau le soldat Colter à la
recherche de Shannon. Deux jours plus
tard, des traces le long de la berge indiquaient que Shannon avait perdu un
cheval. Faire avancer le bateau et les pirogues à contre-courant demandait un
effort considérable pour chaque homme, par conséquence, ils mangeaient prodigieusement. Chacun mangeait neuf livres de viande par
jour et tout ce que la région pouvait leur offrir de fruits. Malgré cela, ils
avaient toujours faim.
Le 8 septembre, Lewis alla à la chasse et tua son premier bison. Tous ensemble, les chasseurs rapportèrent ce
soir-là 2 bisons, 1 gros wapiti, 1 jeune wapiti, 3 cerfs, 3 dindons sauvages et
1 écureuil. Le jour suivant, les capitaines furent étonnés de voir un troupeau
de 500 bisons broutant près de la rivière.
Troupeau de bisons au temps de Lewis et Clark |
Le 11 septembre, comme le bateau passait un coude de la
rivière, le rameur en avant aperçut Shannon assis sur la berge. Le bateau
s’approcha et Shannon monta à bord. Il était extrêmement faible, presque mort
de faim. Après avoir mangé un peu de viande séchée, il raconta son histoire. Il était certain que le bateau était en
avance sur lui. Il a donc essayé de le rattraper pendant 16 jours. Les 12 derniers jours, il n’avait plus de
balles pour son fusil et avait dû se nourrir de raisins et de prunes. Réalisant qu’il était trop faible pour
rattraper le bateau, il décida de s’asseoir sur la berge dans l’espoir qu’un
canot de commerçants venant des villages Mandans passe par là pour se rendre à
St. Louis.
En raison des vents du sud en ce début d’automne,
l’expédition avançait rapidement, faisant jusqu’à 35 milles en une journée. Le 23
septembre, ils campèrent dans un bosquet de peupliers. Comme ils installaient leurs tentes, trois
jeunes Sioux Tetons arrivèrent à la nage. Avec l’aide de Drouillard qui communiquait
avec eux par le langage des signes, ils
apprirent qu’un groupe de huit huttes campaient à l’embouchure de la rivière
suivante et six autres à une courte distance de là. Les capitaines leur dirent
d’informer leurs chefs qu’ils viendraient le lendemain pour un conseil de
bande. Au matin, l’expédition passa
l’île où Colter, avec le dernier cheval appartenant à l’expédition, avait campé
durant la nuit et tué quatre wapitis. Comme les hommes chargeaient la viande
sur le bateau, Colter accourut sur la berge en criant que les indiens avaient
volé son cheval. Peu de temps après, les
capitaines virent cinq indiens. Ils
amarrèrent le bateau et allèrent leur parler. D’un ton sévère, ils leur dirent
qu’ils ne parleraient à aucun Teton aussi longtemps que le cheval ne leur
serait pas rendu.
L’expédition arriva à l’embouchure de la rivière suivante,
sur l’actuel site de la ville Pierre au South Dakota, en fin d’après-midi. Par précaution, ils ancrèrent le bateau et
les capitaines mirent l’équipage en état d’alerte avec un tiers des hommes à
terre sur leurs gardes et les autres campant à bord du bateau et des
pirogues. Au matin, les capitaines
levèrent le drapeau et se préparèrent pour le conseil, en prenant la précaution
de laisser la majorité des hommes à bord du bateau. A 11h00, trois chefs et un
grand nombre de guerriers arrivèrent, apportant une grande quantité de viande
de bison en cadeau. Les capitaines leur offrirent de la viande de porc. Ensuite ce fut le temps de la discussion. A
leur consternation, les capitaines découvrirent rapidement que Cruzatte ne
parlait pas le langage des Tetons à l’exception de quelques mots et que
Drouillard ne pouvait pas communiquer par le langage des signes les
propositions relativement complexes du discours de Lewis. Coupant court à son
discours, il commença son spectacle avec la parade des soldats, son fusil à air
et le reste. Finalement il donna des médailles et des cadeaux aux chefs. De plus, il donna au chef Black Buffalo un
manteau militaire rouge et un chapeau bicorne. « C’est tout? »
demandèrent les Tetons, incrédules. « Quelques médailles et un chapeau
ridicule? »
Sentant le mécontentement des chefs, surtout Partisan et
Buffalo Medicine, les capitaines les invitèrent à monter à bord du bateau et
leur offrirent un verre de whisky. Bientôt les chefs avaient vidé la bouteille
et commencèrent à causer du trouble. Avec l’aide de sept hommes, Clark força
les chefs à retourner à terre. Les chefs résistèrent et durent être mis dans le
canot par la force. Quand le canot arriva à la berge, trois guerriers saisirent
le devant du canot. Partisan insulta l’équipage et déclara n’avoir pas reçu
suffisamment de cadeaux. Il demanda un
canot plein de cadeaux avant de permettre à l’expédition de continuer leur
voyage. C’était plus que Clark ne pouvait
supporter. Sur le bateau, Lewis sortit son épée et ordonna à ses hommes de
charger leurs armes et de se préparer à l’action. Le canon pivotant fut chargé
de 16 balles de mousquet. C’était un
moment dramatique. Si Lewis avait crié « Fire! » et allumé la mèche
du canon, toute l’histoire de l’Amérique du Nord aurait été changée.
Heureusement, Black Buffalo, un des chefs Tetons, s’avança
pour arrêter l’hostilité. Il ordonna aux guerriers qui retenaient le canot de
retourner à terre. Cependant les indiens gardaient leurs arcs tendus. Lewis resta sur ses gardes, prêt à faire feu.
Le désastre avait été évité mais la crise continuait. De son côté, Clark qui était à terre, fit
quelques menaces à Black Buffalo et lui dit que l’expédition allait continuer
son chemin et que ses hommes n’étaient pas des « squaws » mais des
guerriers. Clark et ses hommes
rejoignirent le bateau et l’expédition poursuivit sa route. La première rencontre
avec les Sioux et les Américains fut un échec. Lewis et Clark n’ont pas réussi
à faire bonne impression auprès des Sioux comme Jefferson leur avait ordonné.
Au moins, aucun coup de feu ne fut tiré et aucune flèche lancée.
Le matin suivant, des centaines d’indiens curieux et anxieux
les regardaient passer alignés sur les berges. A la demande de Black Buffalo,
l’expédition jeta l’ancre près de son village. Les capitaines invitèrent
hommes, femmes et enfants à monter à bord. Black Buffalo invita Lewis à visiter
son village. Le village était un village classique de nomades avec une centaine
de tepees et une population d’environ 900 indiens. Ils étaient la Bande Brulé des Tetons et
étaient d’excellente humeur, ayant gagné une grande bataille contre les Omahas
deux semaines auparavant. Ils avaient
tué un grand nombre de guerriers Omahas et fait prisonniers 48 femmes et
enfants. Au cours de l’après-midi, Clark
et tout l’équipage vinrent au village. Au
crépuscule, Clark et Lewis furent conduits à la grande tente du conseil au
milieu du village. Après avoir fumé le calumet de paix, Black Buffalo parla
avec solennité de son peuple et Clark répondit qu’il devait faire la paix avec
les Omahas et, en geste de bonne volonté, libérer leurs prisonniers. Black Buffalo se demandait sûrement pourquoi
il devrait renoncer à des prisonniers de valeur seulement pour plaire à l’homme
blanc. Néanmoins, les danseurs s’apprêtèrent à tenir la danse du scalp
accompagnés des tambours et des chants des musiciens. La danse se termina vers minuit. Black
Buffalo offrit aux capitaines de jeunes femmes comme partenaires de lit, mais
les capitaines refusèrent, trouvant cette coutume étrange. Le soir suivant, il y eut une autre danse du
scalp qui se termina vers 11h00, les capitaines à peine capables de rester
éveillés.
Le lendemain matin, l’expédition se prépara à repartir. A ce moment, les Tetons arrivèrent sur la
berge en grand nombre et armés. Black
Buffalo monta à bord du bateau et au même moment plusieurs guerriers
attrapèrent la corde du bateau. Devant la vive réaction de Clark, Black Buffalo
répondit que les guerriers voulaient seulement du tabac et qu’alors l’expédition
pourrait continuer. Ils ne demandaient
pas tellement, c’était plutôt à titre de symbole car c’était l’usage que les
Sioux réclament un paiement de l’homme blanc pour utiliser la rivière. Les
capitaines jugèrent le prix trop élevé et perdirent patience. La confrontation
continua. Black Buffalo fit preuve de sarcasme et s’indigna de voir les hommes
blancs faire tant d’éclat pour une carotte de tabac. Peut-être piqué dans son
orgueil, Lewis jeta pompeusement quelques carottes de tabac aux guerriers qui
retenaient la corde du bateau. Après cela, le bateau pu repartir. La
confrontation avec les Tetons était terminée.
C’était la fin de septembre et les soirées étaient froides.
Les oies avaient commencé leur migration vers le sud, signe que l’automne était
là. C’était le temps de se rendre le plus au nord et le plus à l’ouest possible
avant que l’hiver s’installe.
Vraiment pas drôle le sort qui a été réservé aux autochtones ainsi qu'aux bisons!
RépondreEffacerPierrôt a un avis similaire à celui de M. Trudell!
Au sujet de Trump, quelqu'un d'autre m'a partagé cette théorie aussi. On verra bien ce qui arrivera. Mona
RépondreEffacerPour régler le problème, Hillary devrait gagner.
RépondreEffacerIl paraît que le problème est qu'une grosse part d'américains ne sont pas prêts à voter pour une femme. Présentement, s'ils ont le choix entre un clown et une femme, ils vont préférer le clown!!! Par contre si Saunders était élu chez les démocrates, là, le parti démocrate aurait de grosses chances de l'emporter. On verra bien...
Effacernous étions à Ottawa la semaine dernière et depuis notre retour, nous profitons du beau temps pour travailler dehors. J'ai toujours plaisir à te lire. ta soeur Louise
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