dimanche 10 juillet 2016

8 juillet - Dawson City (Yukon) jour 2

Ce matin, je retrouve enfin le haut de mon pyjama dans la sécheuse du camping.  Personne ne semble avoir été intéressé par un T-Shirt rose. 

Nous retournons au Centre des visiteurs et nous nous inscrivons à un autre tour de ville, avec Fred cette fois-ci. La dame à l’accueil m’assure que Fred est une vraie encyclopédie et le meilleur de leurs guides, de plus sa visite est en français et dure 1h30. Fred a grandi à Oakville en Ontario et a fait ses études en français. Ensuite il a vécu à Montréal et depuis cinq ans, il vit en permanence à Dawson City. Le jour il travaille pour Parcs Canada et le soir il fait de la musique avec son groupe.

Fred nous amène dans les mêmes endroits que la veille, avec quelques autres en prime, comme le bordel de Madame Ruby et les trois étages du bureau de poste où se trouvaient les bureaux gouvernementaux, e il y ajoute sa verve et des anecdotes du temps.  En voici une : le bordel de Madame Ruby s’annonçait en façade comme une pension et une blanchisserie. Pendant 27 ans, cette ancienne tenancière parisienne et ses femmes à l’affection négociable y attiraient les travailleurs des camps de mines d’or. Son commerce profita de la bénédiction tacite des autorités locales, jusqu’en 1961, qui le jugeaient comme un mal nécessaire qui ne troublait pas l’ordre public. En 1961, l’exploitation de l’or et par le fait même de maison close, étant sur le déclin, Madame Ruby fut accusée de tenir une maison de débauche et emprisonnée. Par la suite, pour éviter d’autres accusations, elle se contenta de tenir une pension jusqu’à sa retraite.

Des clients pour Madame Ruby
Le SS Keno qui transportait les prospecteurs sur la rivière Yukon
Un Yukonnais vous salue
Fred au Red Feather Saloon
L’histoire du salon mortuaire est intéressante également. En prévision des mortalités durant l’hiver, Monsieur Lowe s’informait de la santé de tous et chacun et préparait une liste des morts anticipés.  Durant les meilleures années de la ruée vers l’or, il mourait dix à quinze personnes par jour, soit de maladie ou d’accidents, mais rarement de vieillesse.

Après un arrêt à la Cheechakos Bakery (nom indien pour les nouveaux arrivants) pour acheter un sandwich à la dinde et aux canneberges, nous allons au cimetière. Comme le dit notre amie Julie, il est toujours intéressant de visiter les cimetières pour voir la durée de vie de leurs clients.  A Dawson City, il y en a plusieurs et nous choisissons d’aller visiter celui des pionniers. Quelques épitaphes sont en pierre mais la plupart sont de simples planches de bois écorchées où les inscriptions sont à peine lisibles, sûrement celles de ceux décédés sans faire fortune.  

Le cimetière des pionniers
Nous nous rendons ensuite au musée et à la cabane de Jack London. Qui est-il, demande-t-on à la dame à l’accueil? Jack, un américain de 21 ans est venu au Klondike pour faire fortune en 1897. Il vécut huit mois à Dawson City, dans des conditions difficiles, et repartit avec quatre dollars en poche.  A son retour à San Francisco, il écrivit plusieurs romans inspirés de cette époque et des histoires qui lui furent racontées et devint un écrivain très célèbre.  Je repars avec un de ses livres « The Call of the Wild and White Fang ».

La cabane de Jack London
Plusieurs personnes nous avaient dit, « Ne manquez pas la visite en français de la drague #4 à 14h30 » et c’est ce que nous avons fait, après un arrêt à la Claim #33 où les gens s’amusent à panner des cailloux dans l’espoir de trouver quelques poussières d’or. Pour s’y rendre, nous empruntons le chemin Bonanza Creek à l’est de la ville et la drague se trouve 13 kilomètres plus loin.  Là, nous attend Ève, notre guide.  Originaire de Montréal, elle vit à Dawson City depuis deux ans et voue une affection particulière à cette immense drague.  Est-ce pour ça qu’elle a élu domicile dans une ancienne drague, réaménagée en petite maison?

Cette immense machine, qui flottait et transportait son petit lagon sur la rivière Bonanza, a déchiqueté la vallée du Klondike et y a laissé des talus de roches un peu partout dans le paysage. Elle fonctionnait 24 heures par jour et 7 jours par semaine de la fin avril à la fin novembre.  La drague #4 fut construite durant l’été et l’hiver 1912 pour la Canadian Klondike Mining Company et fut utilisée de mai 1913 à 1959 en remontant la rivière Klondike.  Le gisement à l’embouchure du ruisseau Hunker était tellement riche que la drague pouvait extraire jusqu’à 800 onces d’or par jour.  Depuis 1992, elle fait partie des lieux historiques nationaux du Klondike.  

La drague #4
Vous pouvez compter sur Ève pour vous faire connaître tout son fonctionnement et vous parlez du travail que cela demandait aux hommes pour l’opérer. Ils étaient quatre à travailler à l’intérieur et ils devenaient sourds en une journée en raison du bruit infernal qui y régnait.

A 16h15 nous nous rendons visiter la résidence du commissaire et faisons une visite rapide car elle ferme à 16h30. La maison est somptueuse et leurs occupants les plus marquants furent le commissaire George Black et son épouse Martha. Ils étaient accueillants et ouvraient leur porte aux gens de Dawson City.  L’histoire de Martha est fascinante.  De caractère très indépendant, à 32 ans elle prit la route du Klondike en 1898 en compagnie de son frère, en empruntant l’exténuante Chilkoot Trail, puis voyageant par bateau le long de la rivière Yukon jusqu’à Dawson City.  Elle travailla à panner de l’or sur des concessions et vécut dans une cabane en bois rond très rudimentaire. C’est là qu’elle donna naissance à son 3e enfant, conçu avant sa séparation de son premier mari. Elle devint une femme d’affaires prospère, propriétaire d’un camp minier et gérante d’un moulin à scie. Bien qu’elle n’était pas intéressée à se remarier, elle fut attirée par un jeune avocat George Black, avec qui elle faisait affaires et elle l’épousa en 1904.  En 1935, à l’âge de 70 ans, Martha fut élue députée au Parlement canadien.  Elle s’éteignit en 1957 à l’âge de 91 ans. Je repars avec un autre livre dans mes bagages, celui de la vie de Martha Black écrit par Flo Whyward.  

La résidence du commissaire
Nous retournons ensuite au camping pour prendre un souper rapide et faire notre toilette, car ce soir, nous allons en ville assister à une soirée de musique bénéfice dont les profits sont pour aider un jeune de Dawson City atteint de cancer.  Il a 30 ans et reçoit des traitements à Ottawa pour son 2e cancer.  Il assiste à la soirée via Skype et tous ses amis le saluent et lui parlent.  Nous retrouvons notre ami Fred, le guide de ce matin, qui est chanteur et guitariste du groupe. Il joue aussi du saxophone à d’autres occasions. Fred m’a promis de m’envoyer des photos de Dawson City l’hiver. Tiendra-t-il sa promesse? Nous avons beaucoup aimé Dawson City et nous aurions pu y passer une 3e journée et encore faire de belles découvertes.

4 commentaires:

  1. J'aurais adoré cette journée également!
    Moi aussi je me demande toujours ce qu'on l'air en hiver tous ces endroits qu'on visite l'été!

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  2. Dawson City a été notre coup de cœur. Notre guide à la maison du commissaire nous avait dit qu'elle et son conjoint étaient venus s'installer à Dawson pour les traîneaux à chiens. Louise

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  3. Une autre ville à visiter quand on aura le temps. La liste devient longue...
    TB

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